parfaitement: il y a un beaucoup plus grand nombre de
pieds-fourchus que de folipèdes : les boeufs, les béliers-,,
les chèvres , les gazelles, les bubales, les chevrotains*,
le lama , la vigogne ,. la giraffe , l’élan , le renne,,
les cerfs, les dains, les chevreuils-, &c. font tous des
pieds-fourchus & compofent en tout un nombre d’en-
viron quarante efpèces ; ainfi voilà déjà cinquante ani-
maux, c ’efl - à - dire dix folipèdes & quarante pieds-
fourchus , auxquels le nom de quadrupède a été bien,
appliqué : dans les fiffipèdes, le lion, le tigre, les.
panthères , le léopard ,. les lynx ,.. le chat, le loup , le
chien, le renard, i ’hyæne, les civettes, le blaireau!,
les fouines, les belettes, les furets, les po rcs-épis ,
leshérilfons, les. tatous, les fourmiliers & les cochons
qui font la nuance entre les fiffipèdes & les pieds-
fourchus, forment un nombre déplus de quarante autres,
efpèces, auxquelles, le nom de quadrupède convient
auffi dans toute la rigueur de l’acception ; parce que
quoiqu’ ils aient le pied de devant divifé en quatre ou:
cinq doigts , ils ne s’en fervent jamais comme de mair>:.
mais tous les autres fiffipèdes, qui fe fervent de leurs,
pieds de devant pour fàifir & porter à leur gueule, ne
font pas de purs-quadrupèdes ; ces efpèces qui font
auffi au nombre de quarante, font une c Jaffe intermédiaire
entre, les quadrupèdes & les. quadrumane^., &
ne font précifément ni des uns ni des autres: il y a
donc dans le réel plus d’un quart des animaux auxquels-
le nom de quadrupède difconvient, & plus d’une moitié;
auxquels il ne convient pas dans toute l’étendue de fon
acception.
Les quadrumanes rempliffent le grand intervalle qui
fe trouve entre l’homme & les quadrupèdes ; les bimanes
font un terme moyen dans la diflance encore
plus grande de l’homme aux cétacées * : les bipèdes
avec des ailes font la nuance des quadrupèdes aux
oifeaux , & les filfipèdes qui fe fervent de leurs pieds
comme demains, rempliffent tous les degrés qui fe
trouvent entre les quadrumanes & les quadrupèdes :
mais c ’eût nous arrêter affez fur cette vue ; quelqu’utile
qu’elle puiffe être pour la connoiffance difiinéte des-
animaux , elle l’eft encore plus par l’exemple, & par
là nouvelle preuve qu’elle nous donne, qu’il n’y a:
aucune de nos définitions qui foit précife,- aucun de
nos termes généraux qui foit exaét, lorfqu’on vient
à les appliquer en particulier aux chofes ou aux êtres-
qu’ils repréfentent.
Mais par quelle raifon ces termes généraux , qui
paroiffent être le chef-d’oeuvre de la penfée , font-ils fi
défectueux ! pourquoi ces- définitions qui femblent
n’être que les purs réfultats de la combinaifon des êtres-
font- elles fi fautives dans l’application ! eft-ce erreur
néceffaire, défaut de reélitude dans-l’efprit humain ! ou.
plutôt n’efl-ce pas fimple incapacité , pure impuiffance
* Nota. Dans cette phrafé & dans toutes lès autres fèmblablés r
Ie 11 éatends parler que de l'homme phyfique, c’eft-à-dire , de la forme
ducorps dei’hoinme, comparée à-la forme du corps-des animaux..
G- iij,