LE P A T A S * .
]L j E Patas elt encore du même pays & à peu près
de la même groffeur que le Macaque ; mais il en diffère,
en ce qu’il a le corps plus alongé, la face moins hi-
deufe & le poil plus beau ; il eft même remarquable
par la couleur brillante de fa robe, qui eft d’un roux
fi vif qu’elle paroît avoir été peinte ; nous avons vu
deux de ces animaux qui font variété dans l’efpèce,'
le premier ( p l.x x v ) porte un bandeau de poils noirs
au-deffus des yeux, qui s’étend d’une oreille à l’autre ;
le fécond ( pl. x x v i ) ne diffère du premier que par la
couleur de ce bandeau qui eft blanc, tous deux ont du
poil long au-deiïous du menton & autour des joues,
ce qui leur fait une belle barbe ; mais le premier l’a
jaune, & le fécond l’a blanche : cette variété paroît en
indiquer d’autres dans la couleur du p o il, & je fuis
fort porté à croire que l’efpèce de guenon couleur de
chat fauvage dont parle Marmol a , & qu’il dit venir
du
* Nom de cette efpèee de Guenon ou Singe à longue queue dans
ton pays natal au Sénégal, & que nous avons adopté, on l’appelle
vulgairement le Singe rouge du Sénégal.
En arrivant à Tabao, Brue trouva une nouvelle efpèee de linge
d ’un rouge fi v if qu'on l’auroit pris pour une peinture de l’art. . . .
Les Nègres les nomment Patas. Relation de Brue. Hijloire générale
des voyages, tome 1 1 , page y 2. 0.
* L,es linges de couleur de chat fauvage avec la queue longue & le
fliulêae
d u P a t a s . 209
dti pays des Nègres, font des variétés de l’efpècê du
patas. Ces guenons font moins adroites que les autres,
& en même temps elles font extrêmement curieufes ;
«je les ai vues (dit Brue * ) defcendre du haut des arbres
jufqu’à l’extrémité des branches pour admirer les bar- «
ques à leur paflage ; elles les confidéroient quelque «
temps & paroiffant s’entretenir de ce qu’elles avoient «
vu , elles abandonnoient la place.à celles qui arrivoient «
après ; quelques - unes devinrent familières jufqu’à jeter ec
des branches aux François, qui leur répondirent à coup «
de fufils ; il en tomba quelques-unes , d’autres demeu- «
rèrent bleffées, & tout le refte tomba dans une étrange «
confternation ; une partie fe mit à pouffer des cris «
affreux, une autre à ramaffer des pierres pour les jeter «
à leurs ennemis; quelques-unes fe vidèrent le ventre «
dans leur main & s’efforcèrent d’envoyer ce préfent «
aux fpeclateurs , mais s’apercevant à la fin que le «
combat étoit du moins égal, elles prirent le parti defe «
retirer. »
II eft à préfumer que c ’eft de cette même efpèee de
guenon dont parle le Maire : « on ne fkuroit exprimer,
Mit ce Voyageur, le dégât que les finges font dans «
les terres dii Sénégal, lorfque le mil & les grains dont «
ils fe nourriffent, font en maturité ; ils s’affemblent «
mulëau blanc ou noir qui s’appellent communément en Efpagnç,
Çttlos-paulés, viennent du pays des Nègres. L ’Afrique de Alarmai,
tome 1 , page y y.
* Relation de Brue. Hijloire gén. des Voyages, tome 11, page y 2 1 ,
Tome X IV . V d