babouins, mais qui ont de longues queues, c ’eft-à-
dire des queues auffi longues ou plus longues que le
corps. Le mot guenon a eu dans ces derniers fiècles ,
deux acceptions différentes de celle que nous lui
donnons ici ; l’on a employé ce mot guenon, généralement
pour défigner les finges de petite taille3,
& en même temps on l’a employé particulièrement
pour nommer la femelle dit finge ; mais plus anciennement
nous appelions finges ou magots les finges
fins queue , & guenons ou mones ceux qui avoient
une longue queue: je pourrois le prouver par quelques
paffages de nos Voyageurs b des feizième & dix-
feptième fiècles. L e mot mêmê de guenon ne s’éloigne
pas, & peut-être a été dérivé de kébos ou lépos,
nom que les Grecs donnoient aux finges à longue
queue. Ces kébes ou guenons font plus petites & *
* Les différences des finges fie prennent en françois, principalement
de leur grandeur ; car les grands font Amplement appelés finges,
foit qu’iis aient une queue ou qu’ils n’en aient point, ou foit qu’ils
aient fe mulèau long comme un chien ou qu’ils l’aient court ; & les
finaes qui font petits , font appelés guenons. Mémoires pour Jervir à
l'H ifoire des animaux, page 120.
*> Il y a au Sénégal plufieurs elpèces de finges, comme des guenons,
avec une longue queuè, & des magots qui n’en ont pas. Voyage
de le Maire , page s o i . — Dans les montagnes de l’Amérique
méridionale , il fe trouve une efpèce de mones que les Sauvages
appellent cacuyen, de même grandeur- que les communes , fins autre
différence, finon qu’elle porte barbe «au menton.. . . Avec ces mones
lé trouvent force petites bêtes jaunes, nommées fagouins. Singularité)
de la France antarâique , par Thevet, page 1 0y ,
moins
moins fortes que les babouins & les finges ; elles
font aifées à diflinguer des uns & des autres par
cette différence, & fur-tout par leur longue queue.
On peut auffi les féparer aifément des makis , parce
qu’elles n’ont pas le mufeau pointu , & qu’au lieu
de fix dents incifives qu’ont les makis , elles n’en
ont que quatre comme les finges & les babouins.
Nous en connoiffons neuf efpèces , que nous indiquerons
chacune par un nom différent, afin d’éviter
toute confufion. Ces neuf efpèces de guenons font;
i.° les macaques ( pl. x x ir x x i ) ; 2.0 les patas
(p l x x v i r x x v i ) ; 3.0 les malbrouks ( p l.x x v m
i r x x i x ) ; 4 .0 les mangabeys (p l. x x x i i ir x x x m ) ;
5 ° la mone ( planche x x x v i ) ; 6.° le callitriche
(p l. x x x v 1 1 ) ; 7 .0 le mouflac (pl. x x x i x J ;
8.° le talapoin ( planche X L J ; 9.® le doue (pl. x u ) .
Les anciens Grecs ne connoiffoient que deux de ces
guenons , la mone & le callitriche , qui font originaires
de l’Arabie & des parties feptentrionales de
l ’Afrique ; ils n’avoient aucune notion des autres i
parce qu’elles ne fe trouvent que dans les provinces
méridionales de l’Afrique & des Indes orientales , pays
entièrement inconnus dans le temps d’Ariffote. C e
grand Philofophe, & les Grecs en général, étoient fi
attentifs à ne pas confondre les êtres par des noms
communs & dès-lors équivoques, qu’ayant appelép i-
thecos le finge fans queue, ils ont nommé kébos la
guenon ou finge à longue queue : comme ils avoient
Tome XIV, B