ailleurs, fe reproduire fous toutes fortes de formes & fe
revêtir de plufieurs natures. Le lion Si le tigre, comme
efpèces ifolées, font en première ligne ; toutes les
autres, favoir, les panthères, les onces, les léopards, les
guépards, les lynx, les caracals, les jaguars, les cougars,
les ocelots, les fervals, les margais Si les chats ne font
qu’une mente & méchante famille, dont les différentes
branches fe font plus ou moins étendues, Si ont plus
ou moins varié fuivant les différens climats : tous ces
animaux fe reffemblent par le naturel, quoiqu’ils foient
très - différens pour la grandeur & par là figure ; ils ont
tous les yeux étincelans , le mufeau court, &les ongles
aigus, courbés Sc rétraélibles ; ils font tous nuifibles |
féroces, indomptables ; le chat qui en eft la dernière
Si la plus petite efpèce , quoique réduit en fervitude ,
n’en eft ni moins perfide ni moins volontaire ; le chat
plus attentif & plus foigneux que tous les autres chiens : mais
ce n’eft pas là ce qu’il y a de plus difficile à entendre dans ces
paflages d’Ariftote, c’eft ce qu’il dit de la differente duree de la gestation
dans les différentes races de chiens, dont félon lu i, les uns
portent deux mois, les autres portent deux mois & demi, & les autres
trois mois : car tous nos chiens de quelque racé quiils foient ne
portent également que pendant environ neuf fémaines, c’eft-à-dire
lôixante-un, fbixante-deux ou foixante-trois jours, & je ne fâche pas
qu’on ait remarqué de plus grandes différences de temps que celle
de ces trois ou quatre jours : mais Ariflote pouvoit en lavoir fur
cela plus que nous, & fi ces faits qu’il a avancés font vrais, il'en
réfulteroit' un rapprochement bien plus grand de certains chiens ,
avec le loup : car les chaffeurs affinent que la louve porte trois mois
ou trois mois & demi.
fauvage a confcrvé le caractère de la famille ; il eft auiïï
cruel, aufli méchant, auffi déprédateur en petit, que
fes confanguins le font en grand ; ils font tous également
camaffiers , également ennemis des autres animaux.
L ’homme avec toutes fes forces n’a jamais pu les détruire
; on a de tout temps employé contre eux le feu,
le fe r , le poifon , les pièges ; mais comme tous les
individus multiplient beaucoup, & que les efpèces elles-
mêmes font fort multipliées, les efforts de l’homme
fe font hornés à les faire reculer Si à les refferrer dans
les déferts, dont ils ne fortent jamais fans répandre la
terreur Si caufer autant de dégât que d’effroi ; un feui
tigre échappé de fa forêt fuffit pour alarmer tout un
peuple Sc le forcer à s’armer, que feroit-ce fi ces
animaux fanguinaires arrivoient en troupe, & s’ils s’en-
tendoient comme les chiens fauvages ou les chacals
dans leurs projets de déprédation! La Nature a donné
cette intelligence aux animaux timides» mais heureufe-
ment les animaux fiers font tous folitaires r ils marchent
feuls <Sc ne confultent que leur courage, c’eft-à-dire, la
confiance qu’ils ont en leur force. Ariftote avoit remarqué
avant nous , que de tous les animaux qui ont
des griffes, c ’eft-à-dire, des.ongles crochus & rétrac-
tibies , aucun n’étoit focial, aucun n’alloit en troupe*:
cette obfervation qui ne portoit alors que fur quatre ou
cinq efpèces, les feules de ce genre qui fiiffent connues
* Nullum animal oui ungues adunci, gregatile ejfe perpendimus. Arift»
Miß. anim. lib. I» cap. j ,
J y i ÿ