connoiffons trois efpèces de ces animaux, i.° le papion
ou babouin proprement dit ( pl. x i n ir x iv ) , dont
nous venons de parler, qui fe trouve en Lybie, en
Arabie., & c. & qui vraifemblablement eft leJîmiaporcaria
d’Ariftote. z.° Le mandrill (p l.x v i ir x v i l) qui eft
un babouin encore plus grand que le papion avec la
face violette, le nez & les joues (abonnées de rides
profondes & obliques, qui le trouve en Guinée & dans
les parties les plus chaudes de l’Afrique. ^."L’oiianderou
( pl. x v n i ) qui n’eft pas fi gros que le papion , ni fi
grand que le mandrill , dont le corps eft moins épais,
& qui a la tête & toute la face environnée d’une efpèce
de crinière très-longue & très-épaiffe ; on le trouve à
Ceylan, au Malabar St dans les autres provinces méridionales
de l ’Inde : ainfi voilà trois finges & trois
babouins bien définis, bien féparés, & tous fix diftinc-
tement différens les uns des autres.
Mais, comme la Nature ne connoît pas nos définitions,
qu’elle n’a jamais rangé fes ouvrages par tas,
ni les êtres par genres , que fa marche au contraire
va toujours par degrés , & que fan plan eft* nuancé
par-tout & s’étend en tout léns , il doit fe trouver
entre le genre du finge * & celui du babouin , quelque
_ * Nota. Le gibbon commence déjà la nuance entre les finges & les
babouins , en ce qu’il a des callofirts fur les fefies comme les babouins,
& les ongles des pieds de derrière plus pointus que ceux de (’orang-
outang , qui n’a point de caHofités for les felïès, & qui a les ongles
plats & arrondis comme l’homme.
efpèce intermédiaire qui ne foit précifément ni l’un
ni l’autre, & qui cependant participe des deux. Cette
efpèce intermédiaire exifte en effe t, & c ’eft l’animal
( pl. VII ir VI i l J que nous appelons magot ; il fe
trouve placé entre nos deux définitions ; il fait la
nuance entre les finges St les babouins ; il diffère
des premiers , en ce qu’il a le mufeau alongé & de
greffes dents canines ; il diffère des féconds , parce
qu’il n’a réellement point de queue , quoiqu’il ait
un petit appendice de peau qui a l’apparence d’une
naiffance de queue ; il n’eft par confisquent ni finge
ni babouin , & tient en même temps de la nature des
deux. Cet animal qui feft fort commun dans la haute
Egypte, ainfi qu’en Barbarie , étoit connu des Anciens:
les Grecs; St les Latins l’ont nommé cynocéphale,
parce que fon mufeau reffemble affez à celui d’un
dogue : ainfi , pour préfenter ces animaux , voici
l ’ordre dans lequel on doit les ranger ; Y orang-outang
ou pengo , premier finge ; le puMque, fécond finge;
le gibbon , troifième finge , mais difforme ; le cynocéphale
ou magot, quatrième finge ou premier babouin;
le papion , premier babouin ; le mandrill, fécond babouin
; Yomnderou, troifième babouin: cet ordre n’ eft
ni arbitraire ni fiélif, mais relatif à l ’échelle même
de la Nature.
Après les finges & les babouins , fe trouvent les
guenons ; c ’eft ainfi que j’appelle , d’après notre idiome
ancien , les animaux qui reffemblent aux finges ou aux