d’Amérique ait fait ce que tous les autres climats n’onf
pu faire, & qu’il eût changé la nature de nos lièvres au
point d’en faire ou des tapetis 6c des apérea, qui n’ont
point de queue ; ou des agoutis à nmfeau pointu, à oreilles
courtes & rondes ; ©u des pacas à grade tête ,. à oreilles
courtes, à poil ras 6c rude , avec des bandes blanches-.
Enfin , les coatis, les. tatous 6c les pareffeux font fi
différens, non-feulement pour l’efpècer maisauffi pour
le genre de tous les- animaux de l’ancien' continent,
qir’on ne peut les comparer à aucun,. & qu’il n’eft
pas poffible de leur i^ilgÉ&r. rien de commun dans
leur origine, ni d’attribuer aux effets de la dégénération
les prodigieufes différences qui fe trouvent dans leur
nature, dont nul autre animal ne peut nous donner ni.
le modèle ni. l’idée..
Ainfi de dix genres 6c de quatre efpèces ifolées
auxquels nous avons tâché de réduire tous les animaux,
propres 6c particuliers au nouveau monde , il n’y en a
que deux, lavoir, le genre des jaguars , des ocelots, 6cc,
& l’efpèce du pécari , avec fes variétés- qu’on- puiffe
»apporter avec quelque fondement aux animaux de
l ’ancien continent ; les jaguars 6c les ocelots peuvent,
«tre regardés comme des. efpèces de léopards ou de
panthères-, 6c le pécari comme une efpèce de cochon,.
Enfuite il y a cinq genres & une efpèce ifolée, favoir,,
i ’efpèce du lama, 6clesgenres des fapajous,.des fâgoins,.
des mouflettes , des agoutis & des fourmiliers, qu’on,
peut, comparer, rpais d’une manière équivoque & fort.
éloignée au chameau , aux guenons, aux putois, au
lièvre 6c aux pangolins, 6c enfin il refte quatre genres
6c deux efpèces ifolées, favoir, lesphilandres, les coatis,
les tatous, les pareffeux, le tapir 6c le cabiai, qu’on ne
peut ni rapporter ni même comparer à aucun des genres
ou des efpèces de l’ancien continent. Cela femble
prouver affez que l’origine de ces animaux particuliers
au nouveau monde ne peut être attribuée à la. fimple
dégénération; quelque grands, quelque puiffans qu’ on
voulût en fuppofer les effets, on ne pourra jamais fe per-
fiiader avec quelqu’apparence de raifon que ces animaux
aient été originairement les-mêmes que ceux de l’ancien-
continent ; il eft plus raifonnable de penfer qu'autrefois-
les deux continens étoient contigus ou continus , 6c que
les efpèces qui s’étoient cantonnées dans ces contrées1
du nouveau1 monde, parce qu’elles en avoient trouvé la
terre 6c le ciel plus convenables à leur nature, y furent
renfermées 6c féparées des autres par l ’irruption des mers1
lorfqu’elles divisèrent l’Afrique de l ’Amérique ; cette
caufe eft naturelle 6c l’on peut en imaginer de fembla-
bles, 6c qui produiraient le même effet ;raar exemple,
s’il arrivoit jamais que la mer fît une irruption en Afie
de l’orient au couchant, 6c qu’elle féparât du refte du
continent les terres méridionales de l’Afrique 6c de
l ’A fie , tous les animaux qui font propres 6c particuliers
à ces contrées du Midi, tels que les éléphans, les rhinocéros
, les giraffes, les zèbres, les orang-outangs, 6cc.
fe trouveraient relativement aux autres dans le même
A a a iij.