LE PITHÈQUE* .
» I L y a , dit Ariftote, des animaux dont la nature eil
»> ambiguë, & tient en partie de i’Homme & en partie
» du quadrupède , tels que les Pithèques, les Kèbes & le3
» Cynocéphales ; le kèbe eft un pithèque avec une queue;
» le cynocéphale eft tout femblable au pithèque, feu-
« Iement il eft plus grand & plus fo r t, & il a le mufeau
» avancé, approchant prefque de celui du dogue, & c ’eft
» de là qu’on a tiré fon nom ; il eft auflx de moeurs plus
» féroces, & il a les dents plus fortes que le pithèque & plus
relfembfantes à celles du chien ».' D ’après ce paflage ,
il eft clair que le pithèque & le cynocéphale indiqués
par Ariftote n’ont ni l’un ni l’autre de queue, puifqu’il
dit que les pithèques qui ont une queue s’appellent kèbes,
* Pithèque. nÆ» koç, en Grçc; Simla, en Latin; Chinchin, en T artarie,
felon Rubruquis ; & Sinfin, à la Chine , felon le P. du Halde.
Pïtheçus, Ariftotelis. Hiß. animal. lib. II, cap. VIII.
Simla, G einer. Hiß. quad. pag. 84.7, fig. ibid. Icon. quad. png. 52,
fig. ibid. N o t a . C e l l la même figure copiée.
Simla, Jonfton, de quad. tab. 59 , du ce figures.
Simia fimpliciter diâa, caudâ carens. Ray. Syn. quad, pag, 149.
Figura prima efi earum fimiarum quee caudas non habent: hæ ceteris
facilius i f citius manfiuefiunt ; cceterifque fiolertiori ingenio prafiant hila-
riorefque & verfiitiores exifiunt. Profp. Alp. H ifi. Ægypti, lib. IV ,
tab. 2 0 , fig. i .
Simia unguibus omnibus plants i f ntundatis., , . , . Le finge. Rrijj".
reg. anim. pag. 188.
& que le cy n o cép h a le reflem b le en tou t au p ith èq u e,
à l’ex cep tio n du mufeau qu’il a plus avancé & d es
dents qu’il a plus grofles. A rifto te fait d o n c m en tion
d e deux efp èces d e lin ges fans q u e u e , le pith èq u e &
le cy n o cép h a le & d ’autres finges avec une queue qu’il
appelle kèbes. M ain ten an t, pour com parer c e que n ou s
c o n n o ilfo n s a v ec c e qui éto it con n u d ’A r ifto te , nous,
ob ferveron s que n ou s av on s vu trois e lp è ce s d e linges,
qui n ’o n t p o in t d e q u eu e, fa v o ir, l’oran g -ou ta n g, le
gib b on & le m a g o t, & qu’aucune d e c e s trois efp èces
ri’eft le p ithèqu e ; car les d eu x p rem ières, c ’eft-à-d ire ,
l’orang-outang Si le gib b o n n ’éto ien t certainem ent pas
con n u es d ’A r ifto te , puifque c es animaux ne fê trouvent
que dans les parties m éridionales d e l’A friq u e & d e s
Indes qui n ’éto ien t pas d écou vertes d e fon te m p s , &
que d ’ailleurs ils o n t d es caractères très-d ifféren s d e
ceu x qu’il d o n n e au pith èq u e ; m ais la troifièm e e lp è c e
que nou s app elons magot, eft le cynocéphale d ’A rifto te ;
il en a tou s les caraétères , il n ’a p o in t de q u e u e , il
a le mufeau c om m e un d o g u e , & les dents canines
grofles Sc lo n g u es ; d ’ailleurs il le trouve c om m u n ém
en t dans l’A fie m ineure & dans les autres provinces;
d e l’O rien t qui éto ien t co n n u es des G r e c s; le p ith èq u e
eft du m êm e p a y s, mais nous ne l ’avons pas vu , n ou s
ne le co n n o ilfo n s que par le tém oign age des A u teu rs;
& quoique depuis vin gt ans que nou s rech erch o n s les
fin g es, cette e fp èce ne fe fo it pas ren con trée fou s n os
y e u x , n ou s n e d ou ton s cependant pas qu’elle n ’exifte