298 Histoire Naturelle
LE D Q U C *
T i E Doue (planche XL 1 ) eft le dernier de la clalle
des animaux , que nous a' ons appelés Singes, Babouins
& Guenons : fans être précifément d’aucun de ces trois
genres, il participe de tous ; il tient des guenons par
fa queue longue, des babouins par fa grande taille,
6c des finges par fa face plate ; il a de plus un caractère
particulier, 6c par lequel il paraît faire la nuance entre
les guenons 6c les fapajous : ces deux familles d’animaux
different entr’elles, en ce que les guenons ont
les feffes pelées, & que tous les làpajous les ont couvertes
de poil; le doue efl la feule des guenons qui
ait du poil fur les fefles comme les fapajous : il leur
reflemble aùfli par l’aplatiflement du mufeau : mais en
tout, il approche infiniment plus des guenons que des
fapajous defquels il différé, en ce qu’il n’a pas la queue
prenante, 6c aulfi par plufieurs autres caractères eflen-
tiels : d’ailleurs l’intervalle qui fépare ces deux familles
eft immenfe , puifque le doue 6c toutes les guenons
font de l’ancien continent, tandis que tous les làpajous
* Doue, nom de cet animal à la Cochinchine, & que nous avons
adopté : ce nom que nous ignorions nous a été donné par M. Poivre,
suffi-bien que l’animal même. Sifac à Madagafcar.
jQercopithecus cmereus, genis longis pi/is ex albo fiancantibus objitis,
torque ex caflaneo purpwrafcente. Le grand linge de la Cochinchine.
Brijf. reg. anim. pag. 20 y.
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ne fe trouvent que dans le nouveau : on pourrait dire
aulfi avec quelque raifon que le doue ayant une longue
queue comme les guenons, 6c n’ayant pas comme elles
de caliofités fur les fefles, il fait la nuance entre les
orang- outangs 6c les guenons, comme le gibbon la
lait aulfi à un autre égard, n’ayant point de queue
comme les orang-outangs, mais ayant des caliofités fur
les fefles comme les guenons. Indépendamment de ces
rapports généraux, le doue a des caractères particuliers,
par lefquels il eft très - remarquable 6c fort aifé à dif-
tinguer de tous les finges; babouins, guenons ou làpajous
, même au premier coup d’oeil ; là robe variée
de toutes couleurs, femble indiquer l’ambiguité de fa
nature, 6c en même temps différencier fon elpèce d’une
manière évidente. Il porte autour du cou un collier
d’un brun-pourpre ; autour des joues une barbe blanche
; il a les lèvres 6c le tour des yeux noirs, la fàce
6c les oreilles rouges , le deflus de la tête 6c le corps
gris, la poitrine 6c le ventre jaune, les jambes blanches
en bas, noires en haut ; la queue blanche avec une
large tache de même couleur fur les lombes ; les pieds
noirs avec plufieurs autres nuances de couleur *. Il me
paroît que cet animal qu’on nous a afluré venir de la
Cochinchine fe trouve aulfi à Madagafcar, 6c que c ’eft
le même que Flaccourt indique fous le nom de fifac
dans les termes fuivans ; « à Madagafcar, il y a, dit-il, une
autre efpèce de guenuche blanche, qui a un chaperon
* Voyez ci-après la defeription du Doue.