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moins du jaguar du Rrefil, que celui-ci ne diffère dn
cougar qui cependant eft du même pays; de même
le ferval de l’Afie & le margai de la Guiane font moins
différens entr’eux, qu’ils ne le font de tous ceux de
leur propre continent : on pourroit donc croire avec
affez de fondement que ces animaux ont eu une origine
commune, & fuppofer qu’ayant autrefois paffé d’urr
continent à l’autre , leurs différences actuelles ne font
venues que de la longue influence de leur nouvelle
fituation.
Les mouflettes ou puans d’Amérique , & le putois
d’Europe paroiffent être du même genre. En général,
Jorfqu’un genre eft commun aux deux continens , les
efpèces qui le cômpofent font plus nombreufes dans
l’ancien que dans le nouveau ; ici c ’eft tout le contraire,,
on y trouve quatre ou cinq efpèces de putois, tandis
que nous n’en avons qu’un dont la nature paraît même-
inférieure ou moins exaltée que celle de tous les autres ;
en forte qu’à fon tour le nouveau monde paroît avoir
des repréfentans dans l’ancien ; & fi l’on ne jugeoit;
que par le fait, on croiroit que ces animaux ont fait la
route contraire,. & ont autrefois paffé d’Amérique en
Europe. II en eft de même de quelques- autres efpèces :
les chevreuils & les daims, auffobien que les moufîettesÿ-
fônt plus nombreux tant pour les- variétés que pour les
efpèces , & en même temps plus grands' & plus forts,
dans le nouveau continent que dans l’ancien ; on
pourroit donc imaginer qu’ils en font originaires, mars»
Dégénération des Animaux. 371
comme nous ne devons pas douter que tous les animaux
en général n’aient été créés dans l’ancien continent,
il faut néceffairement admettre leur migration de ce
continent à l’autre, & fuppofer en même temps, qu’au
lieu d’avoir, comme tous les autres, dégénéré dans ce
nouveau monde, ils s’y font au contraire perfectionnés,
& que par la convenance & la faveur du climat, ils ont
furpaffé leur première nature.
Les fourmiliers, qui font des animaux très-finguliers,
& dont il y a trois ou quatre efpèces dans le nouveau
monde, paroiffent auiïi avoir leurs repréfentans dans
l ’ancien ; le pangolin & le phatagin leur reffemblent
par le caraétère unique de n’avoir point de dents, &.
d’être forcés comme eux à tirer la langue & vivre de
fourmis ; mais fi l’on veut leur fuppofer une origine
commune , il eft affez étrange qu’au lieu d’écailles
qu’ils portent en A fie , ils fe foient couverts de poils
en Amérique,
A l’égard des agoutis, des pacas & des autres du
feptième genre des animaux particuliers au nouveau
continent, on ne peut les comparer qu’au lièvre & au
lapin, defquels cependant ils diffèrent tous par l ’efpèce;
& ce qui peut faire douter qu’il y ait rien de commun
dans leur origine, c ’eft que le lièvre s’eft répandu dans
prefque tous les climats de l’ancien continent, fans
que fa nature fe foit altérée &fans qu’il ait fubi d’autres
changemens que dans la couleur de fon poil ; on ne
peut donc pas imaginer avec fondement que le climat
A a a ij