grands finges appelés barris, qui marchent fur deux
pieds, qui ont plus de gravité & beaucoup plus d’intelligence
que tous les autres finges i, & qui font très-
ardens pour les femmes. Darcos, & enfuite Nierem-
berg * & Dapper h difent à peu près les mêmes chofes
du barris. Battelc l’appelle pongo, & allure « qu’il eft
» dans toutes fes proportions femblable à l’homme , feu-
» lement qu’il eft plus grand ; grand , dit-il, comme un
» géant; qu’il a la lace comme l ’homme , les yeux en-
» foncés, de longs cheveux aux côtés de la tête, le vifage
» nu 6c fans p o il, auffi-bien que les oreilles & les mains ;
« le corps légèrement veliff& qu’il ne diffère de l’homme
« à l'extérieur que par les jambes, parce qu’il n’a que peu
» ou point de mollets ; que cependant il marche toujours
» debout ; qu’il dort fur les arbres & fe confirait une hutte,
» un abri contre le foleil & la pluie ; qu’il vit de fruits &
„ ne mange point de chair ; qu’il ne peut parler,tepioiqu’il
3> ait plus d’entendement que les autres animaux ; que
33 quand les Nègres font du feu dans les bois, ces pongos
3> viennent s’affeoir autour & fe chauffer, mais qu’ils n’ont
33 pas affez d’efprit pour entretenir le feu en y mettant
33 du bois ; qu’ils vont de compagnie, & tuent quelquefois
33 des Nègres dans les lieux écartés ; qu’ils attaquent même
>3 l’éléphant, qu’ils le frappent à coups de bâton & le
1 Nieremberg. H iß. nat. Peregr. lib. IX , cap. 44 & 45.
1 Defcriptioa de l’Afrique, par Dapper, gage a 4 9 .
c Purchajf Pilgrims, part. I I , lib. V I I , chap. in . Hßoire générale
des voyages, tome V , page 8p.
chaffent
chaffent de leurs bois.; qu’on ne peut prendre ces «
pongos vivans , parce qu’ils font fi forts , que dix «
hommes ne fuffiroient pas pour en dompter un feul ; «
qu’on ne peut donc attraper que les petits tout jeunes; «
que la mère les porte marchant debout, ôc qu’ils fe «
tiennent attachés à fon corps avec les mains & tes «
genoux ; qu’il y a deux efpèces de ces finges très - «
reffemblans à l’homme, le pongo qui eft auffi grand & «
plus gros qu’un homme, 6c l’enjocko qui eft beaucoup «
plus petit, & c. 33 : c ’eft de ce paffage très -^précis que
j ’ai tiré les noms de pongo 6c de jocko. Battel dit
encore que lorfqu’un de ces'animaux meurt, les autres
couvrent fon corps d’un amas, de branches 6c de feuillages.
Purchaff ajoute en forme de note, que dans les
converfations qu’il avoit eues avec Battel, il avoit appris
de lui qu’un pongo lui enleva un petit Nègre qui paflà
un an entier dans la fociété de ces animaux ; qu’à fon
retour, ce petit Nègre raconta qu’ils ne lui avoient fait
aucun mal ; que communément ils étoient de la hauteur
de l’homme , mais qu’ils font plus gros , 6c qu’ils ont
à peu près le double du volume d’un homme ordinaire.
Jobfon affure avoir vu dans les endroits fréquentés par
ces animaux une forte d’habitation compofée de hranr
ches entrelaflees, qui pouvoient fervir du moins à les
garantir de l’ardeur du foleila « Les finges de Guinée ,
dit ( Bofmand ) que l’on appelle fmitten en Flamand ,
* Hiftoire générale des Voyages, tome 111, page 2 p y .
1 Voyage de Guinée , par Bofman, page 2 y 8.
Tome XIV. G