la furface , mais le volume , la malle & le folicle entier
dans toutes fes parties : auffi quelle différence dans le
produit, quelle comparaifon de la ftatue au corps orga-
nifé ! maisauffi quelle inégalité dans la puiffance , quelle
difproportion dans les inftrumens 1 L ’homme ne peut
employer que la force qu’il a ; borné à une petite quantité
de mouvement qu’il ne peut communiquer que
par la voie de l’impulfion, il ne peut agir que fur les
furfaces, puifqu’en général la force d’impulfion ne fe
tranfmet que par le contaéf des ftirperficies; ii ne voit,
il ne touche donc que la furface des corps ; & lorfque
pour tâcher de les mieux connoître, il les ouvre, les
divife & les fépare, il ne voit & ne touche encore
que des furfaces: pour pénétrer l ’intérieur, il lui faudrait
une partie de cette force qui agit fur la maffe , qui
fait fa pefanteur & qui eft le principal infiniment delà
Nature ; fi l’homme pouvoit difpofer de cette force pénétrante
, comme il difpofe de celle d’impulfion , ft
feulement il avoit un fens qui y fût relatif, il verroit le
fond de la matière; il pourrait l’arranger en petit, comme
Ja Nature la travaille en grand : c ’eft donc faute d’infi-
trumens, que l ’art de l ’homme ne peut approcher de
celui de la Nature ; fes figures, fes reliefs, fes tableaux»
fes deffejns ne font que des furfaces ou des imitations
de furfaces , parce que les images qu’il reçoit par fes
fens font toutes fuperficielles, & qu’il n’a nul moyen
^le leur donner du corps.
Çe qui eft vrai pour les arts, l’eft auffi pour les fciences;
feolemeoî
feulement elles font moins bornées, parce que l’efprit eft
leurfeul inftrument, parce que dans les arts il eft fubor-
donné aux fens , & que dans les fciences il leur commande
, d’autant qu’il s’agit de connoître & non pas
d ’opérer, de comparer & non pas d’imiter: or l ’efprit,
quoique refferré par les fens, quoique fouvent abufé
par leurs faux rapports, n’en eft ni moins pur ni moins
aétif; l ’homme qui a voulu lavoir, a commencé par
les reélifier, par démontrer leurs erreurs ; il les a traites
comme des organes mécaniques, des inftrumens qu’il
faut mettre en expérience pour les vérifier & juger de
leurs effets : marchant enfuite la balance à la main '& le
compas de l ’autre, il a mefu ré& le temps & l ’efpace;
il a reconnu tous les dehors de la Nature, & ne pouvant
en pénétrer l’intérieur par les fens, il l’a deviné
par comparaifon & jugé par analogie ; il a trouvé qu’il
exiftoit dans la matière une force générale, différente
de celle d’impulfion, une force qui ne tombe point
fous nos fens, & dont par confisquent nous ne pouvons
difpofer , mais que la Nature emploie comme fon agent
univerfel ; il a démontré que cette force appartenoit à
toute matière également, c ’ eft-à -dire , proportionnellement
à fi maffe ou quantité réelle ; que cette force
ou plutôt fon aétion s’étendo it à des diftances immenfes,
en décroifïànt comme les efpaces augmentent ; enfuite
tournant fes» vues fur les êtres vivans , il a vu que fa
chaleur étoit une autre force néceffaire à leur production
; que la lumière étoit une matière vive, douée d’une
Tome XIV. D