i 6 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
fjiire reconnoître &. difiinguer de tous les autres. L on
verra dans chaque article les raifons qui nous ont
fait adopter ces noms.
Et à l’égard des variétés, lefqùelles dans la dalle
entière de ces animaux font peut-être plus nombreufes
que les efpècçs, on les trouvera aulfi très - foigneufe-
înent comparées à chacune de leurs efpèces propres.
Nous connoilïons & nous avons eu , la plupart vivans ,
quarante de ces animaux plus ou moins différens en-
tr’eux; il nous a paru qu’on devoit les réduire à trente
efpèces ; favoir , trois finges , une intermédiaire entre
les finges & les babouins ; trois babouins, une intermédiaire
entre les babouins & les guenons ; neuf guenons,
fept fapajous & fix fagoins, & que tous les
tiutres ne doivent au moins pour la plupart être corifi-
dérés que comme des variétés : mais, comme nous ne
fommes pas abfolument certains que quelques-unes de
ces variétés ne puilfent être en effet des efpèces dif-
tindes, nous tâcherons de leur donner aulfi des noms
qui ne feront que précaires, fuppofé que ce ne foient
que des variétés , & qui pourront devenir propres &
fpécifiques, fi ce font réellement desoefpèces diftindes
& féparées.
A l’occafion de toutes ces bêtes, dont quelques-
unes relfemblent fi fort à l’homme , confidérons pour
un inftant les animaux de la terre fous un nouveau
point de vue: c ’eft fans rajfon fuffifante qu’on leur
g donné généralement a tous le nom de quadrupèdes.
.“Si les exceptions n’étoient qu’en petit nombre, nous
n’attaquerions pas l’application de cette dénomination:
nous avons dit, & nous lavons que nos définitions,
nos noms, quelque généraux qu’ils puilfent être, ne
comprennent jamais tout ; qu’il exifte toujours des
êtres en deçà ou au-delà; qu’il s’en trouve de mitoyens;
que plufieurs, quoique placés en apparence au milieu
des autres, ne lailfent pas d ’échapper à la lifie; que le
nom général qu’on voudrait leur impofer efl une formule
incomplète , une fomme dont fouvent ils ns
font pas partie ; parce que la Nature ne doit jamais être
préfentée que par unités & non par aggrégats ; parce
que l’homme n’a imaginé lès noms généraux que pour
aider à fa mémoire, & tâcher de fnppléer à la trop
petite capacité de fon entendement; parce qu’enfuite
,il en a fait abus en regardant ce nom général, comme
quelque chofe de réel ; parce qu’enfin il a voulu y
rappeler des êtres, & même des clalfes d’êtres, qui
demandoient un autre nom ; je puis en donner &
,l ’exemple & la preuve, jâns fortir de l’ordre des quadrupèdes
, qui de tous les animaux font ceux que
l ’homme connoît le mieux , & auxquels il étoit par
confisquent en état de donner les dénominations les
plus précifes.
Le nom Ae quadrupède fuppofe que l’animal ait quatre
j>ieds\ s’il manque de deux pieds comme le lamantin ,
il n’elt plus quadrupède; s’il a des bras & des mains
comme lç linge, ,il n’ed plus quadrupède; s’il a des
Terme X IV . C