5o H i s t o i r e N a t ù r e l l e
» font de couleur fauve , «St deviennent extrêmement
» grands : j’en ai vu , ajoute-t-il, un de mes propres- yeux
» qui avoit cinq pieds de haut---- Ces finges ont une
» affez vilaine figure, auffi-bren que ceux d’une fécondé
» efpèce qui leur reffemblent en tout , fi ce n’efl que
» qiîatre de ceux-ci feraient à peine auffi gros qu’un de
» la première efpèce---- On peut leur apprendre prefque
tout ce que l’on veut ». Gauthier Schoutten * dit « que
» les finges appelés par les Indiens orang - ouiangs , font
» prefque de la même figure & de la même grandeur que
» les hommes, mais qu’ils ont le dos & les reins tous
» couverts de poil, fans en avoir néanmoins au-devant du
» corps ; que les femelles ont deux grades mamelles ;
» que tous ont le vifage rude, le nez plat, même en-
» foncé, les oreilles comme les hommes; qu’ils font
» robultes , agiles , hardis, qu’ils fe mettent en défenfe
» contre les hommes armés , qu’ils font paflïonnés pour
» les femmes ; qu’il n’y a point de fûreté pour elles à palfer
» dans les bois, où elles fe trouvent tout d’un coup attaquées
«St violées par ces finges » . Dampier | Froger &
d’autres Voyageurs alfiirent qu’ils enlèvent des petites
filles de huit ou dix ans, qu’ils les emportent au-deffus
des arbres & qu’on a mille peines à les leur ôter. Nous
pouvons ajouter à tous ces témoignages celui de M. de
la Brolfe, qui a écrit fon voyage à la côte d’AngoIe
en 1738, «St dont on nous a communiqué l’extrait : ce
Voyageur allure que * les orangs-outangs qu’il appelle
* Voyage de Caut. Schoutten. Amjlerdam, î yoy, in -12*
quimpezés , tâchent de furprendre des Nègreffes ; qu’ils «
les gardent avec eux pour en jouir ; qu’ils les nourrilfent «
très-bien: j’ai connu , dit-il, àLoWango une Nègrelfe «
qui étoit reliée trois ans avec ces animaux ; ils croilfent «
de fix à fept pieds de haut ; ils font d’une force fans «
égale ; ils cabanent «St fe fervent de bâtons pour fe dé- «
fendre ; ils ont la face plate , le nez camus «St épaté, «
les oreilles plates fans bourrelet, la peau un peu plus «
claire que celle d’un mulâtre, un poil long & clair-femé «
dans plufieurs parties du corps , le ventre extrêmement «
tendu , les talons plats «St élevés d’un demi-pouce en- «
viron par-derrière ; ils marchent fur leurs deux pieds , «
Si fur les quatre quand ils en ont la fantaifie : nous en «
achetâmes deux jeunes, un mâle qui avoit quatorze <o
lunes, & une femelle qui n’avoit que douze lunes «
d ’âg e , Sec. »
Voilà ce que nous avons trouvé de plus précis «St de
plus certain au fujet du grand orang-outang ou pongo ;
Si comme la grandeur eft le feul cara«5lère bien marqué,
par lequèl il diffère du jo c k o , je perfide à croire qu’ils
font de la même efpèce : car il y a ici deux chofes pof-
fibles: la première, que le jocko foit une variété confiante
, c ’eff-à-dire, une race beaucoup plus petite que
celle du pongo ; à la vérité ils font tous deux du même
climat ; ils vivent de la même façon , «St devraient par
conféquent fe reffembler en tout puifqu’ils fubiffent Si
reçoivent également les mêmes altérations , lesmêmés
influences de la terre «St du ciel ; mais n’avons - nous
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