1 3 4 H i s t o i r é N a t u r e l l e
aifé d e voir que ceu x -ci d oiven t être plus fau vages, plus
m éd ia n s que les autres ; il y a les m êm es d ifféren ces,
les m êm es nuances dans les m oe urs que dans les figures.
L ’o ra n g -o u ta n g qui reffem ble le plus à l’h o m m e , elt
le plus in tellig en t, le plus grave , le plus d o c ile de
tou s ; le m a g o t, qui c om m en c e à s’éloign er d e la form e
h u m a in e, & qui ap p roch e par le m ufeau& par les dents
canin es d e c elle d es anim aux, eftb ru fq u e , défobéiffant
& mauffade ; & les b a b o u in s, qui ne reffem blen t plus à
l ’h om m e que par les m ains, & qui o n t une q u e u e , des
o n g les aigus , de gros nm feaux, & c. on t l’air d e b êtes
féro ces , & le fon t en effet ; j’ai vu vivant celui d on t
n ou s d on n on s ici la figure (pl. x i i i ) , il n ’éto it p oin t
h id e u x , & cependant il faifoit horreur : grinçant c o n tin
u ellem en t les d ents, s’agitant, fie débattant avec c o lè re ;
o n éto it o b lig é d e le tenir enferm é dans une cage de
fe r , d on t il rem uoit fi pùiffam m ent les barreaux av ec
fies mains qu’il inlpiroit d e la crainte aux fipeélateurs ;
c ’eft un animal trap u , d o n t le corp s ramaffé & les
m em b res nerveux indiquent la fo rce & l’a g ilité, q u i,
cou vert d ’un p o il épais & lo n g paroît en co re beau cou p
plus gros qu’il n ’eft; mais , qui dans le r é e l, eft fi
piaffant & h fort qu ’il vien d roit aifiément à b ou t d ’un
ou d e plufieurs h o m m e s, s’ils n ’é toien t p o in t a rm és* :
* C ’eft à cette efpèce qu’il faut rapporter l'animal appelé tré trêtrEtré
à Madagafcar, il eft ( dit Flaccourt J gros comme un veau de
deux ans , ii a la tête ronde & une face d’fiomtne , les pieds de
devant <?ç de derrière comme un linge , le poil frifotté, fia queue
D U P A P I O N OU B A B O U I N . 1 3 3
d’ailleurs, il paroît continuellement excité par cette
paffton , qui rend furieux les animaux les plus doux ;
il eft infolemmçnt lubrique, & affèéte de fie montrer
dans cet état, de fe toucher, de fie fatisfaire feul aux
yeux de tout le monde; & cette aétion, l’une des plus
honteufes de l ’humanité & qu’aucun animal ne fie
permet, copiée par la main du babouin , rappelle l’idée
du vice & rend abominable l ’alpeél de cette bête que
la Nature paroît avoir particulièrement vouée à cette
efpèce d’impudence; car dans tous les autres animaux,
& même dans l ’homme, elle a voilé ces parties ; dans
le babouin au contraire, elles font tout-à-fait nues &
d’autant plus évidentes que le corps eft couvert de
longs poils ; il a de même les feffes nues & d’un rouge
couleur de fang, les b ou rfies pendantes , l ’anus découvert,
la queue toujours levée; il femble faire parade
de toutes ces nudités, préfentant fon derrière plus fou-
vent que la tete, lur-tout des qu d aperçoit des femmes
pour lefquelles il déploie une telle effronterie, qu’elle
ne peut naître que du defir le plus immodéré *. Le
•courte , les oreilles comme celles de l’homme ; il reffemble au tanach
décrit par Àmbroilê Pare' : c’eft un animal folitaire , les gens du pays
en ont grand peur. Voyage à Madagafcar, page i y i .
* Papio, animal ad übidinem pronum, cum mulieres videt alacritatem
fuam ■ ofendit. . . . Papio quem vidi yivum, ad nutum haud fecus, atque
caput reli-qua animalia, anum vertebat frequentiuspopulo ofentans. G chier.
Icon. Quad. pag. 7 7 . — Il y a aux Philippines des babouins très-
lubriques , qui ne permettent pas aux femmes de s’éloigner de leurs
maifons, Voyage de Cemelli-Carren, tome V> page 2 ç y .— Les babouins