attaché le privilège de l’efpèee ifolée, & que l’homme
lui-même quoique d’efpèce unique, infiniment différente
de toutes celles des animaux, n’étant que d’une
grandeur médiocre efl moins ifolé & a plus de voifins
que les grands animaux. On verra dans l’hiftoire de
l ’orang-outang, que fi l’on ne faifoit attention qu’à
ja figure on pourroit également regarder cet animal
comme le premier des finges ou le dernier des hommes,
parce qu’à l’exception de lame, il ne lui manque rien
de tout ce que nous avons, & parce qu’il diffère moins
de l’homme pour le corps, qu’il ne diffère des autres
animaux auxquels on a donné le même nom de finge.
L ’ame , lapenfée, la parole ne dépendent donc pas
de la forme ou de l’organifâtion du corps ; rien ne
prouve mieux que c ’eft un don particulier, 6c fait à
l ’homme feul, puifque i’orang - outang qui ne parle ni
ne penfe, a néanmoins le corps, les membres, les
fens , le cerveau 6c la langue entièrement femblables à
l ’homme, puifqu’il peut faire ou contrefaire tous les
mouvemens , toutes les a&ions humaines, 6c que cependant
il ne fait aucun ade de l ’homme : c ’eft peut-
être faute d’éducation, c ’efl: encore faute d’équité dans
votre jugement; vous comparez, dira-t-on, fort injuf-
tement le finge des bois avec l’homme des villes;
c ’eft à côté de l’homme fàuvage, de l’homme auquel
l ’éducation n’a rien tranfmis, qu’il faut le placer pour
les juger l’un 6c l’autre; 6c a-t-on une idée jufte de
l ’homme dan§ l ’état de pure Nature ! la tête couverte
N O M E N C L A T U R E D E S S l N G E S . 3 1
de cheveux hérifles, ou d’une laine crépue ; la face
voilée par une longue barbe, furmontée de deux croifi
fàns de poils encore plus greffiers, qui par leur largeur
& leur faillie raçcourciffent le front, 6c lui font perdre
fon caradère augufte, 6c non-feulement mettent les
yeux dans l’ombre, mais les enfoncent 6c les arron-
diffent comme ceux des animaux; les lèvres épaiffes
6c avancées ; le nez aplati ; le regard ftupide ou farouche ;
les oreilles, le qorps 6c les membres velus ; la peau
dure comme un cuir noir ou tanné; les ongles longs,
épais 6c crochus ; une femelle calleufe en forme de
corne fous la plante des pieds ; 6c pour attributs du
fexe , des mamelles longues 6c molles, la peau du ventre
pendante jufque fur les genous ; les enfans fie vautrant
dans l’ordure 6c fe traînant à quatre ; le père 6c la mère
affis fur leurs talons, tous hideux, tous couverts d’une
craffe empeftée. Et cette efquiffe tirée d’après le fàuvage
Hottentot, efl encore un portrait flatté; car il y a plus
loin de l’homme dans l’état de pure nature à l’Hottentot,
que de l’Hottentot à nous : chargez donc encore le
tableau fi vous voulez comparer le finge à l’homme,
ajoutez-y les rapports d’organifation, les-convenances
de tempérament, l’appetit véhément des finges mâles
pour les femmes, la mêmeeonformation dans lesparties
génitales des deux fexes ; l’écoulement périodique dans
les femelles , ;6c les mélanges forcés ou volontaires des
Ne-greffes aux finges, dont le produit efl rentré dans
l ’une ou l’autre efpèce ; & yo y e z , fuppofé qu’elles ne