n o ƒ / / S T O I R E N À T U R E L L É
& que Ton talon pofe plus difficilement à terre que celui
de l’homme , il court plus facilement qu’il ne marche,
& il auroit befoin de talons artificiels plus élevés que
ceux de nos fouliers , fi l’on vouloit le faire marcher
aifément & long-temps. 4.0 Quoique l’orang-outang ait
treize côtes , & que l’homme n’en ait que douze , cette
différence ne l’approche pas plus des babouins ou des
guenons , qu’elle l’éloigne de l ’homme , parce que le
nombre des côtes varie dans la plupart de ces efpèces,
& que les uns de ces animaux en ont douze , d’autres;
onze & d’autres dix, &c ; en forte que les feules différences
effentielles entre le corps de cet animal & celui
de l’homme, fe réduifent à deux, favoir, la conformation
des os du baffin & la conformation des pieds -,
ce font-là les feules parties confidérables par lefquelles.
l ’orang-outang reffemble plus aux autres finges qu’il ne
reffembte à l ’homme,
D ’après cet expofé que j’ai fait avec toute l’exaélitude
dont je fuis capable, on voit ce que l ’on doit penfer
de cet animal ; s’il y avoit un degré par lequel on pût
defcendre de la nature humaine à celle des animaux, fi
l ’eflènce de cette nature confiftoit en entier dans la
forme du corps & dépendoit de fon organifation, ce
finge fe trouverait plus près de l’homme que d’aucun
animal: alfis au fécond rang des êtres , s’il ne pouvoir
commander en premier , il ferait au moins fentir aux
autres fa fupériorité, & s'efforcerait de ne pas obéir ; fi
l ’imitation qui femble copier de fi près lapenfée en étofi
ïe vrai figne ou l ’un des réfultats , ce finge fe trouverait
encore à une plus grande difiance des animaux & plus
voifin de l’homme ; mais, comme nous l ’avons d it,
l ’intervalle qui l ’en fépare réellement n’en efi pas moins
immenfe; & la reffemblance de la forme, la conformité
de 1 organifation , les mouvemens d’imitation qui
paroifient reflilter dé ces fimihtudes, ni ne le rapprochent
de la nature de l’homme , ni même ne l'élèvent au-
deffus de celle des animaux.
Carafières dïftindifs de cette efpèce.
L ’orang-outang n’a point d’abajoues, c ’efi-à-dire ,
point de poches au dedans des joues, point de queue,
point de callofités fur les feffes ; il les a renflées &
charnues ; ii a toutes les dents & même les canines fem-
blables à celles de l ’homme; il a la face plate, nue &
bafanée , les oreilles , les mains, les pieds, la poitrine,'
le ventre auffi nus; il a des poils fur la tête qui defeendent
en forme de cheveux des deux côtés des tempes, du
poil fur le dos & fiir les lombes, mais èn petite quantité ;
il a cinq ou fix pieds de hauteur, & marche toujours
droit furfes deux pieds. Nous n’avons pas été à portée
de vérifier fi les femelles font fujettes comme les
femmes à l ’écoulement périodique, mais nous le préfumons,
& par analogie nous ne pouvons guère en
douter.