2 2 ARACHNIDES PULMONAIRES.
qu'il faut attribuer ceux que l'on voit en grande abondance,
croisant les sillons des terres labourées, lorsqu'ils
réfléchissent la lumière du soleil. Analysés chimiquement,
ces fils de la Vierge offrent précisément les mêmes
caractères que la soie des araignées; ils ne se forment
donc point dans l'atmosphère, ainsi que l'a conjecturé,
faute d'observations propres ou exvùu, un savant dont
l'autorité est d'un si grand poids, M. le chevalier de Lamarck.
On est parvenu à fabriquer avec cette soie des
bas et des gants; mais ces essais n'étant point susceptibles
d'une application en grand, et étant sujets à beaucoup
de difficultés, sont plus curieux qu'utiles. Cette matière
est bien plus importante pour les aranéides, C'est
avec elle que les espèces sédentaires, ou n'allant point
à la chasse de leur proie, ourdissent ces toiles (i) d'un
tissu plus ou moins serré, dont les formes et les positions
varient selon les habitudes propres à chacune d'elles, et
qui sont autant de pièges où les insectes dont elles sa
nourrissent, se prennent ou s'embarrassent. A peine s'y
trouvent-ils arrêtés, au moyen des crochets de leurs
tarses, que l'aranéide, tantôt placée au centre de son réseau
ou au fond de sa toile, tantôt dans une habitation
(i) Celles de quelques aranéides exotique
» sont si fortes, qu'elles arrêtent de petits
oiseaux, et opposent même à l'homme
une certaine résistance.
FAMILLE DES PILEUSES. ®3
particulière située auprès et dans l'un de ses angles, accourt,
s'approche de l'insecte, fait tous ses efforts pour
le piquer avec son dard meurtrier, et distiller dans sa
plaie un poison qui agit très promptement ; lorsqu'il oppose
une trop forte résistance, ou qu'il serait dangereux
pour elle de lutter avee lui, elle se retire un instant afin
d'attendre qu'il ait perdu de ses forces ou qu'il soit plus
enlacé ; ou bien, si elle n'a rien à craindre, elle s'empresse
de le garrotter en dévidant autour de son corps
des fils de soie, qui l'enveloppent quelquefois entièrement
et forment une couche, le dérobant à nos regards.
Lister avait dit que des araignées éjaculent et lancent
leurs fils, de la même façon que les porcs-épics lancent
leurs piquans, avec cette différence qu'ici ces armes, suivant
une opinion populaire, se détacheraient du corps
tandis que, dans les araignées, ces fils, quoique poussés
au loin, y restent attachés. Ce fait a été jugé impossible;
Nous avons cependant vu des fils sortir des mamelons
de quelques thomises, se diriger en ligne droite, et former
comme des rayons mobiles, lorsque l'animal se
mouvait circulairement. Un autre emploi de la soie, et
commun à toutes les aranéides femelles, a pour objet
la construction des coques destinées à renfermer leurs
oeufs. La contexture et la forme de ces coques est diversement
modifiée selon les habitudes des races. Elles sont
généralement sphéroïdes; quelques-unes ont la forme