que l’on a souvent retirées de la terre, ne viennent pas de positions
assez bien constatées pour qu’on puisse assurer que ces espèces
aient été contemporaines des grands pachydermes que nous venons
de mentionner.
Les brèches osseuses des bords de la Méditerranée ont aussi
donné deux espèces de lagomys (i), animaux dont le genre n’existe
aujourd’hui qu’en Sibérie; deux espèces de lapins (2), des campagnols,
et des rats de la taille du rat d’eau et de celle de la souris (3).
Les cavernes de l’Angleterre en ont donné également (4).
Les brèches osseuses contiennent jusqu’à des os de musaraignes
et de lézards (5).
Il y a dans certaines couches sableuses de la Toscane des dents
d’un porc-épic (6), et dans celles de la Russie des têtes d’une espèce
de castor plus grande que les nôtres, que M. Fischer a nommée
trogontherium (7).
Mais c’est surtout dans la classe des édentés que ces races d’animaux
de l’avant-dernière époque reprennent une taille bien supérieure
à celle de leurs congénères actuels, et s’élèvent même à une
grandeur tout-à-fait gigantesque.
Le megatherium réunit une partie des caractères génériques des
tatous avec une partie de ceux des paresseux, et pour la taille il égale
les plus grands rhinocéros. Ses ongles devaient être d’une longueur
et d’une force monstrueuses : toute sa charpente est d’une solidité
excessive. On n’en a déterré encore que dans les couches sableuses
de l’Amérique septentrionale (8).
Le mégalonyx lui ressemblait beaucoup pour les caractères,
(i) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome iv, pages 199 C 204•
(al Ibid., pages 174» 177 et 196; tome v, première partie, page55,
(3) Ib id ., tome tv, pages 178,202 et 2o6; tome y,première partie, page.54.
(4) Ibid., tome y , première partie, page 55.
(5) Ibid., tome iy, pag. 206.
(6) Ibid., tome y, deuxième partie., page 517.
(7) Ibid., première.partie , page 5g.
(81 Ibid., page 1 -4 ; et deuxième partie, page 5 ig.
mais était un peu moindre; ses ongles étaient plus longs et plus
tranchans. On en a trouvé quelques os et des doigts entiers dans
certaines cavernes de la Virginie et dans une île de la côte de la
Géorgie (1).
Ces deux énormes édentés n’ont encore donné de leurs restes
qu’en Amérique; mais l’Europe en possédait un qui ne leur cédait
point pour la force. On ne le connaît que par une seule phalange
onguéale, mais cette phalange suffit pour nous assurer qu’il était fort
semblable à un pangolin, mais à un pangolin de près de vingt-
quatre pieds de longueur. Il vivait dans les mêmes cantons que les
éléphans, les rhinocéros et les tapirs gigantesques; car on en a
trouvé les os avec les leurs dans une sablounière du pays de Darmstadt,
non loin du Rhin (2).
Les brèches osseuses contiennent aussi, mais très-rarement, des
os de carnassiers (3) qui sont beaucoup plus nombreux dans les
cavernes, c’est-à-dire dans des cavités plus larges et plus compliquées
que les fentes ou filons à brèches osseuses. Le Jura en a surtout de
célèbres dans sa partie qui s’étend en Allemagne, où depuis des
siècles on en a enlevé et détruit des quantités incroyables, parce
qu’on leur attribuait des vertus médicales particulières, et néanmoins
il en reste encore de quoi étonner l’imagination; ce sont principalement
des os d’une espèce d’ours très-grande (ïirsus spelæus), caractérisée
par un front plus bombe que celui d’aucun de nos ours
vivans (4); avec ces os se mêlent ceux de deux autres espèces d’ours
CU. arctoideus et U. p rù cu sj (5)j ceux d’une hyène (H. fossilis)
voisine de l’hyène tachetée du Cap, mais différente par quelques dé-
tads de ses dents et des formes de sa.,tete (6);. ceux de deux tigres
(0 Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome v, première partie , page 160.
(2) Ibid. , page jg 3.
Ibid., tome iv, pag. ig 3.
(4) Ib id ., page 351.
(5) Ibid. , pages 356 et 357.
(6) Ibid. , pages 392 et 507.