Marche
dîmes.
On en aurait de non moins fortes s’il était bien certain que l’Oxus
ou Sihoun, qui se jette maintenant dans le lac d’Aral, tombait autrefois
dans la mer Caspienne; mais nous avons près de nous des faits
assez démonstratifs pour n’en point alléguer d’équivoques, et ne
pas nous exposer à faire dq l’ignorance des anciens en géographie la
base de nos propositions physiques (i).
des Nous avons parlé ci-dessus des dunes, ou de ces monticules
de sable que la mer rejette sur les côtes basses quand son fond
est sablonneux. Partout où l’industrie de l’homme n’a pas su les
fixer, ces dunes avancent dans les terres aussi irrésistiblement
que les alluvions des fleuves avancent dans la mer; elles poussent
devant elles des étangs formés par les eaux pluviales-du terrain
quelles bordent, et dont elles empêchent la cômmunicâtîon avec la
mer, et leur marche a dans beaucoup d’endroits une rapidité effrayante.
Forêts, bàtimens, champs cultivés, elles envahissent tout.
Celles du golfe de Gascogne (a) ont déjà couvert un grand nombre
de villages mentionnés dans des titres du moyen âge; et en ce moment,
dans le seul département des Landes, elles en menacent dix
d’une destruction inévitable. L’un de ces villages, celui de Mimisan,
et l’Hypanis dans le Palus-Méotide ; mais Hérodote dit seulement (Melpom., nu) que ces
deux fleuves se jettentensemtde dans le même lac, c^est-à-dire dans de Liman, nomme aujourd’hui.
Hérodote n’y fait pas, aHer davantage l e ‘Gerrhus et l’Hypacyris,'' ‘
(i) Par exemple , M. Dureau fle Lamalle, dans sa Géographie physique dè la mer N&re,
cite Aristote ( Meteor. , 1. i , c. i 3 ) comme «- nous apprenant que de son temps il existait
« encore plusieurs périodes e t périples anciens attestant qu’il y avait un canal conduisant
« de la mer Caspienne dans le Palus Méolide.:»'Or, voici à quoi se rjduisent les paroles
d’Aristote à l’endroit cité (édition de Duval, . , 545, B. )’ . « Du ParôpàSiisus descendent,
,, entre autres rivières-, le Bactrüs, le Choaspes et l’A raxe, d’où le Tenais, qui en est une
« branche, dérive dans“ le Palus Méotide. » Qui ne voit que ce galimatias, qui ne se fonde
n. sur périples niisur périodes, n’est que l’idée étrange des soldats d’Alexandre , qui prirent
le J axa rte ou Tenais de UTransoxiane pour le Don ou Tanaïs Se la Scythie ? Am en ât
Pline en font la distinction ; mais il paraît qu’elje. n’était pas faite du temps d Aristote. Ht
comment vouloir tirer des docùmens géologiques de pareils géographes ? ;
(î) Voyez le Rapport sur les Dunes du golfe de Gascogne, par M. Tassin. Mont-de-Marsan,
an x.
lutte depuis vingt ans contre elles, et une dune de plus de soixante
pieds d’élévation s’en approche, pour ainsi dire, à vue d’oeil.
En 1802, lesïétangs ont envahi cinq belles métairies dans celui
de Saint-Julien (i); ils ont couvert depuis long-temps une ancienne
chaussée romaine qui conduisait de Bordeaux -à Bayonne, et que
l’on voyait encore il y a quarante ans quand les eaux étaient basses
(2). L’Adour qui,- -à des époquès connues, passait au vieux
Boucaut, et se jetait dans la mer au cap Breton , est maintenant détourné
de plus de mille toises.
Feu M. Bremontier-, inspecteur des ponts et chaussées, qui a fait
de grands travaux sur les dunes, estimait leur marche à soixante
pieds par an, et dans certains points à soixante-douze. Il ne leur
faudrait, selon ses calculs, que deux mille ans pour arriver à Bordeaux;
et, d’après leur étendue actuelle, il doit y en avoir un peu
plus de quatre mille qu’elles ont commencé à se former (3),
Le recouvrement des terrains cultivables de l’Egypte par les sables
stériles de la Libye qü’y jette le vent d’ouest, est un phénomène
du même genre que les dunes. Ces sables ont envahi un
nombre de villes et de villages dont les ruines paraissent encore, et
cela depuis la conquête du pays par les Mahométans, puisqu’on
voit percer au travers du sable les sommités des minarets de quelques
mosquées (4) : avec une marche si rapide, ils auraient sans
doute rempli les parties étroites de la vallée s’il y avait tant de siècles
qu’ils eussent commencé à y étrejetés (5) : il ne resterait plus
rien entre la chaîne libyque et le Nil. C’est encore là un chronomètre
dont il serait aussi facile qu’intéressant d’obtenir la mesure.
Les tourbières produites si généralement dans le nord de l’Eu- To«ri>ièr
et éboulemen * 1
(1) Mémoire de M. Bremontier, sur la fixation des dunes.
(2) Tassin, loc. cit.
(3) Voyez le Mémoire de M. Bremontier.
$4) Denon. Voyage en Égypte.
(5) Nous pouvons, citer ici tous les.voyageurs qui ont parcouru la lisière occidentale de
1 Egypte.