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 vécu  ensemble,  mais  peut-être  sur  différens  points,  les  animaux  
 dont  les  ossemens  sont  ensevelis  dans  les  molasses  et. des  couches  
 anciennes de gravier du midi de la France ;  dans  les  gypses meles  de  
 calcaire,  tels  que  ceux  des  environs  de  Paris  et  d’Aix,  et  dans  les  
 bancs marneux d’eau douce recouverts  de bancs marins  de l’Alsace,  
 de  l’Orléanais  et  du Berry. 
 Cette  population  animale  porte  un  caractère  très-remarquable  
 dans  l’abondance  et  la  variété de  certains  genres  de  pachydermes,  
 qui manquent  entièrement  parmi les quadrupèdes  de  nos  jours,  et  
 dont  les  caractères  se rapprochent plus  ou  moins des tapirs, des rhinocéros  
 et  des chameaux. 
 Ces  genres, dont la découverte  entière  m’est due,  sont  :  les pa-  
 loeotheriums, les lophiodo?is, les anoplotheriums, les anthracothe-  
 riums, les  cheropotames,  les adapis. 
 Les palæotheriums  ressemblaient  aux  tapirs  par  la  forme  générale, 
   par celle  de  la tête, notamment  par la brievete  des  os  du  nez  
 qui  annonce  qu’ils  avaient,  comme  les  tapirs',  une  petite  trompe;  
 enfin  par  les  six  dents  incisives  et  les  deux  canines  à  chaque  mâchoire  
 ; mais ils ressemblaient aux  rhinocéros  par leurs  dents mâche-  
 hères dont  les  supérieures  étaient  carrées,  avec  des crêtes  saillantes  
 diversement  configurées,  et  les  inférieur®  en  forme  de  doubles  
 croissans,  et par  leurs pieds,  tous les  quatre  divisés en  trois doigts,  
 tandis que dans les tapirs  ceux de devant en  ont  quatre. 
 C’est un des  genres les plus répandus et les  plus  nombreux  en  espèces  
 dans les  terrains de cet âge. 
 Nos plâtrières des environs de Paris en fourmillent : ony en trouve  
 des  os  de  sept  espèces.  La première (P . magnum,'),  grande  comme  
 un  cheval; trois  autres  de  la  taille  d uu  cochon, mais une  (P.  medium) 
   avec  des  pieds  étroits  et  longs;  une  (P .  crassum)  avec  
 des  pieds  plus larges;  une (P .  latum)  avec  des  pieds  encore  plus  
 larges et  surtout plus  courts;  la  cinquième  espèce  (P.  curtum),  de  
 la taille d’un mouton, est bien plus  basse  et  a  les  pieds  encore  plus  
 larges et  plus  courts  à  proportion  que  la  précédente;  une  sixième 
 (Pi  minus)  est de  la  taille  d’un  petit  mouton, et a des  pieds  grêles  
 dont les doigts  latéraux  sont  plus courts que  les  autres; enfin il y en  
 a  une  (P. minimum) qui  n’est  pas  plus  grande  qu’un  lièvre :  elle  a  
 aussi  les pieds  grêles ( rrjjdn 
 On  a trouvé  aussi  des palæotheriums  dans  d’autres  contrées  de  
 la  France : au  Puy  en Yelay, dans  des lits  de marne  gypseuse,  une  
 espèce  (P.  velaununi)  (2),  très-semblable au  P .  medium, mais qui  
 en diffère  par quelques détails  de sa mâchoire  inférieure ;  aux  environs  
 d’Orléans,  dans  des  couches  de  pierre marneuse,  une  espèce  
 (P. aurelianense) (3); qui  se  distingue des autres parce que ses molaires  
 inférieures ont  l’angle  rentrant de leur  croissant fendu  en  une  
 double  pointe,  et par quelques différences  dans les  collines  des molaires  
 supérieures;  auprès d’Issel,  dans  une  couche de gravier  ou  de  
 molasse, le long des pentes de la Montagne-Noire, une  espèce (P. is-  
 selanurri)  (4),  qui  a  le même  caractère  que  celle  d’Orléans,  et  dont  
 la taille est plus petite; mais  c’est surtout dans les molasses du département  
 de  la  Dordogne, que  le  palæotherium  s’est  retrouvé  non  
 moins abondamment que dans nos  plâtrières  de Paris. 
 M. le duc Décaze  en a découvert, dans les  carrières d’un seul  parc,  
 des  as  de  trois espèces  qui  paraissent différentes de toutes  celles  de  
 nos environs-(S). 
 Les lophiodons se  rapprochent encore un peu  plus  des tapirs que  
 ne  font  les  palæotheriums,  en  ce  que  leurs mâchelières  inférieures  
 ont des  collines  transverses  comme  celle  des  tapirs. 
 Us diffèrent  cependant de ces derniers,  parce que celles de devant  
 sont plus simples,  que  la  dernière  de toutes  a  trois  collines,  et  que  
 les  supérieures  sont  rhomboïdales  et  relevées d’arêtes fort semblables  
 à  celles  des  rhinocéros. 1 
 (1)  Voyez mes Recherches sur les  ossemens  fossiles  dans  tout  le tome ni,  et  spécialement  
 page a5o ,  et tome v ,  deuxième partie,  page 5o5. 
 (a)  Ibid. , tome y , deuxième partie, pagé 5o5. 
 (3)  Ibid.,  tome  ni,  page  254 ;  et tome iv ,  pages 498 e t499* 
 (4) Ibid, tome m  , page  258. 
 (5)  Ibid. ,  tome  v, deuxième partie,  page 5o5.