DISCOURS SUR LES RÉVOLUTIONS
ce jour les naturalistes; mais j’ai levé tous les doutes dans un mémoire
sur cet oiseau, que l’on trouvera à la suite de ce disours, et
où j’ai montré qu’il est encore maintenant le même que du-temps des
Pharaons. Je sais bien que je ne cite là que des individus de deux ou
trois mille ans; mais c’est toujours remonter aussi haut que possible.
Il n’y a donc, dans les faits connus, rien qui puisse appuyer le
moins du monde l’opinion que les genres nouveaux que j’ai découverts
ou établis parmi les fossiles, non plus que ceux qui 1 ont ete
par d’autres naturalistes j les paloeothériums, les anoplothénums,
les mégalonix, les mastodontes, les ptérodactyles, les ichtyosau-
rus etc., aient pu être les-souches de quelques uns des- animaux
d’aujourd’hui, lesquels n’en différeraient que par l’influence du temps
ou du climat; et quand il serait vrai (ce que je suis loin encore de
croire) que les éléphans, les rhinocéros, les élans,les ours fossiles ne
difïèrentpas plus de ceux d’à présent que les races des chiens ne différent
entre elles, onnepourra-itpas conclure de là l’identité d’espèces,
parce que les races des chiens ont été soumises à l’influence de la
domesticité que ces autres animaux n’ont ni subie, m pu subir.
Au reste, lorsque je soutiens que les-bancs pierreux contiennent
les os de plusieurs genres, et les couches meubles ceux de plusieurs
espèces qui n’existent plus, je ne prétends pas quil ait fallu une
création nouvelle pour produire les.espèces aujourd’hui existantes;
|e dis seulement qu’elles n’ existaient pas’dans les lieux où on les., voit 4 présent, et qu’elles ont dû y venir-d’ailleurs. : ■
Supposons, par exemple, qu’une grandeirruption de la mer -couvre
d ’u n amas dè sables ou.d’autres débris le continent de la Nouvelle-
Hollande , elle y enfouira les cadavres des kanguroos, des phascolo-
mes des dasyures , -despéramèles, des phalangers volans, des echid-
nés et d e s ornithorinques, et elle détruira entièrement les espèces
de tous ces genres,, puisqu’aucun d’eux n’éxiste maintenant en
d’autres pays. . .. . . . . : •
Que cette même révolution mette à sec les petits détroits multipliés
qui séparent la Nouvelle-Hollande du continent de l’Asie, elle
ouvrira un chemin aux éléphans, aux rhinocéros, aux buffles, aux
chevaux, aux chameaux, aux tigres, et à tous les autres quadrupèdes
asiatiques qui viendront peupler une terre où ils auront été auparavant
inconnus.
Qu ensuite un naturaliste, après avoir bien étudié toute cette nature
vivante , s’avise de fouiller le sol sur lequel elle v it, il y trouvera
des restes d’êtres tout différens. .
Ce que la Nouvelle-Hollande serait, dans la supposition que nous
venons de faire, l’Europe, la Sibérie, une grande partie de l’Amérique,
le sont effectivement; çt .peut-être trouvera-t-on un jour,
quand on examinera les autres contrées de la Nouvelle-Hollande
elle-même, qu’elles ont toutes éprouvé des révolutions semblables,
je dirais presque des échanges mutuels de productions; car, poussons
la supposition plus loin, après ce transport des animaux asiatiques
dans la Nouvelle-Hollande, admettons une seconde révolution qui
détruise l’Asie leur patrie primitive, ceux qui les observeraient dans
la Nouvelle-Hollande, leur seconde patrie, seraient tout aussi embarrasses
de savoir d ou ils seraient venus, qu’on peut l’être maintenant
pour trouver l’origine des nôtres.
J applique cette maniéré de voir à l’espèce humaine.
Il est certain quon n’a pas encore trouvé d’os humains parmi les il n’y a point
fossdes; etn est une preuve de plus que les races fossiles n’étaient (^os humains
point des variétés-, puisqu’elles n’avaient pu subir l’influence de fossiles'
l’homme.
Je dis que l’on n’a jamais trouvé d’os humains parmi les fossiles,
bien entendu parmi les fossiles proprement dits, ou, en d’autres
termes, dans les couches régulières de la surface du globe; car dans
les tourbières, dans les alluvions,.comme dans les cimetières, on
pourrait aussi bien déterrer des os humains que des os de chevaux ou - *'
d’autres espèces vulgaires ; il pourrait s’en trouver également dans
des fentes de rocher, dans des grottes où la stalactite ' se serait ■
amoncelée sur eux; mais dans les lits qui recèlent les anciennes races,
parmi les palæothériums, et même parmi les éléphans et les rhino-
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