toutes pleines de fables quelles sont, ne remontent qu’à quatre
mille trois cents ans, sur lesquels plus de mille deux cents sont remplis
de noms de princes dont les règnes demeurent indéterminés
quant à leur durée.
L’ère même d’après laquelle les Indiens comptent aujourdhui
leurs années, qui commence cinquante-sept ans avant Jésus-Christ,
et qui porte le nom d’un prince appelé Vicramaditjia ou Bicker-
madjit, ne le porte que par une sorte de convention; car on trouve,
d’après les synchronismes attribués à Vicramaditjia, qu il y aurait
eu au moins trois, et peut-être jusqu’à huit ou neuf princes de ce
nom, qui tous ont des légendes semblables, qui tous ont eu des
guerres avec un prince nommé Safowahanna,• et, qui plus est, on
ne sait pas bien si cette année cinquante-sept avant Jésus-Christ
est celle de la naissance^, du règne ou de la mort de Vicramaditjia,
dont elle porte le nom (i).
Enfin, les livres les plus authentiques des Indiens démentent , par
des caractères intrinsèques et très-reconnaissables, 1 antiquité que,
ces peuples leur attribuent. Leurs Vedas, pu livres;sacres, révélés
selon eux par Brama lui-même dès l’origine du monde, et rédiges par
Viasa (nom qui ne signifie autre chose que collecteur) au commencement
de l’âge actuel, si l’on en juge par. le calendrier qui s y trouve
annexé et auquel ils se rapportent, ainsi que par la position des co-
lures que ce calendrier indique, peuvent remonter à trois mille deux
cents ans, ce qui serait à peu près l’époque de Moïse (2). Peut-être,
même ceux qui ajouteront foi à l’assertion de Mégasthènes. (3>,
que de son temps les Indiens ne savaient pas écrire; ceu$. qui réfléchiront
qu’aucun des anciens n’a fait mention de ces temples^uper-
bes, de ces immenses pagodes, monumens si remarquables de la
religion des Brames; ceux qui sauront que les époques de leurs ta-
'(!}: Voyez Bentley ,su r les systèmes astronomiques des Indous, e.t leur liaison avec 1 histoire,
Mém. de Calcutta , tome vin, page 243 de l’édition in-8°.
(2) Voyez lé Mémoire de M. Colebrocke sur.les Vedas, Mém. de Calcutta, tome vis de
l’édition in-8°., ’page 49^*
(3) Megasthenes apud Strabon., lib 'X Y , p. 709. dlmel.
bles astronomiques ont été calculées après coup, et mal calculées,
et que leurs traités d’astronomie sont modernes et antidatés, seront-
ils portés à diminuer encore beaucoup cette antiquité prétendue des
Vedas?
Cependant, au milieu de toutes les fables braminiques, il échappe
des traits dont la concordance, avec ce qui résulte des monumens
historiques plus occidentaux, est faite pour étonner.
Ainsi leur mythologie consacre les destructions successives que la
surface du globe a essuyées, et doit essuyer à l’àvenir; et ce ri’est
qu’à un peu moins de cinq mille ans qu’ils font remonter la dernière
( î) .iL ’une de ces révolutions, que l’on place à la vérité infiniment
plus loin de nous, est décrite dans des termes presque corres-
pondans à ceux de Moïse (2).
M. Wilfort assure même que dans un autre événement de cette
mythologie, figure un personnage qui ressemble à Deucalion, par
l’origine, par le nom, par les aventures, et jusque par le nom et les
aventurés de son-père (3). 1 *3
(1) Celle.qui a donné naissance, à l’âge présent ou caliyug ( l’âge de terre) : elle remonte
à quatre mille neuf cent vingt-sept (trois mille cent deux ans avant Jésus-Christ). Voyez
Legentil, Voyage aux Indes, tomé i , page 235; Bentley, Mém. de Calcutta, tome vin de
l'édition in-8°., page 212. Ce n’est que cinquante-neuf ans plus haut que le déluge de Noé,
selon le texte samaritain.
,'(2) Le personnage de Satyavrata y joue le même rôle que Noé .: il s’y sauve avec sept
couples de saints. Voyez Will. Johnes , Mém. de Calcutta, tome 1 , in-80. , page 280, et
traduction française in-4°-, page 170; et dans le Bagavadam ( ou Bagvata), traduction de
Fouché d’Obsonville, page 212.
(3) Cala-Javana, ou dans le langage familier Cal-Yun, à qui ses partisans peuvent avoir
donné l’épithète de deva, deo ( dieu), ayant attaqué Chrishna (l’Apollon des Indiens) à la
tête dès peuplés septentrionaux (des Scythes, tel qu’était Deucalion selon Lucien), fut repoussé
par le feu et par l’eau. Son père Garga avait pour l’un de ses^surnoms Pramathesa
(Prométhée); et selon une autre légende, il est dévoré par l’aigle Garuda. Ces détails-ont
été extraits par M. Wilfort ( dans son Mémoire sur le mont Caucase , parmi ceux de Calcutta
y tome vi de l’édition in-80. , page 507 ) du drame sanscrit intitulé Hari-Van6a.
M. Charles Ritter, dans son Vestibule de l’histoire européenne avant Hérodote, en conclut
que toute la fable de Deucalion était d’origine étrangère , et avait été apportée en Grèce avec
les autres légendes de cette partie du culte grec qui était venue par le Nord, et qui avait
précédé les colons égyptiens et phéniciens. Mais s’il est vrai que les constellations de la sphère