céros, on n’a jamais découvert le moindre ossement humain. 11 n’est
guère, autour de Paris, d’ouvriers qui ne croient que les os dont nos
plâtrières fourmillent sont en grande partie des os d’hommes ; mais
comme j’ai vu plusieurs milliers de ces os, il m’est bien permis d affirmer
qu’il n’y en a jamais eu un seul de notre espèce. J ai examiné
à Pavie les groupes d’ossemens rapportés par Spallanzani de l’ile
de Cérigo; et, malgré l’assertion de cet observateur célèbre, j’affirme
également qu’il n’y en a aucun dont on puisse soutenir qu il est humain.
tihomo diluvü testis de Scheuchzer a été replacé dès ma
première édition à son véritable genre, qui est celui dessalamandres;
et dans un examen que j’en ai fait depuis à Harlem, par la complaisance
de M- Van Marum, qui m’a permis de découvrir les parties
cachées dans la pierre, j’ai obtenu la peuve complète de ce que
j’avais annoncé. On voit, parmi les os trouvés à Canstadt, un fragment
de mâchoire et quelques ouvrages humains ; mais on sait que
le terrain fut remué sans précaution, et que l’on ne tint point note
des diverses hauteurs où chaque chose fut découverte. Partout ailleurs
les morceaux donnés pour humains se sont trouvés, à l’examen,
de quelque animal, soit qu’on les ait examinés en nature ou
simplement en figures. Tout nouvellement encore on a prétendu en
avoir découvert à Marseille dans une pierre long-temps négligée (i).
c’étaient des empreintes de tuyaux marins (2). Les véritables os
d’hommes étaient des cadavres tombés dans des fentes ou restés en
d’anciennes galeries de mines, ou enduits d’incrustation; et j étends
cette assertion jusqu’aux- squelettes humains découverts a la Guadeloupe
dans une roche formée de parcelles de madrépores rejetées
par la mer et unies par un suc calcaire (3). Les os humains trouvés
(0 Voyez le Journal de Marseille et des Bouches-du-Rhône, des 27 sept., 25 oct. et J".
“ ÿ w e » suis assuré par les dessins que m’en a envoyés M. Cottard, professeur au col-
lé ié de Marseille.
(ï) Ces squelettes plus ou moins mutilés se trouvent près du port du Moule, à la cote
nord-ouest de la grande terre de la Guadeloupe, dans une espèce de glacis appuyé contre
les bords escarpés de l’île, que l’eau recouvre en grande partie à la haute mer, et qui n’est
près de Koestriz, et indiqués par M. de Schlotheim, avaient été annoncés
comme tirés de bancs très-anciens; mais ce savant respectable
s’est empressé de faire connaître combien cette assertion est
encore sujette au doute (1). Il en est de même des objets de fâbricaqu’un
tuf formé et journellement accru par les débris très-menus de coquillages et de coraux
que lès vagues détachent des rochers, et dont l’amas prend une grande cohésion dans les
endroits qui sont plus souvent à sec. On reconnaît à la loupe que plusieurs de ces fragmens
ont la même teinte rouge qu’une partie des coraux contenus dans les récifs de l’île. Ces
sortes de formations sont communes dans tout l’Archipel des Antilles, où les nègres les
connaissent sous le nom de Maqonne-bon-dieu. Leur accroissement est d’autant plus rapide,
que le mouvement des eaux est plus violent. Elles ont étendu la plaine des Cayes à Saint-
Domingué , dont la situation a quelque analogie avec la plage du Moule, et l’on y. trouve
quelquefois des débris de vases et d’autres ouvrages humains à vingt pieds de profondeur.
On a fait mille conjectures, et même imaginé des événemens pour expliquer ces squelettes
de la Guadeloupe; mais, d’après toutes ces circonstances, M. Moreau de Jonnès, correspondant
de l’Académie des Sciences, qui a été sur les lieux , et à qui je dois tout le détail
ci-dessus , pense que ce sont simplement des cadavres de personnes qui ont péri dans quelque
naufrage. Ils furent découverts en i 8o5 par M. Manuel Cortès y Campomanès, alors
officier d’état-major, de service dans la colonie. Le général Ernouf, gouverneur, en fit extraire
un avec beaucoup de peine, auquel il manquait la tête et presque toutes les extrémités
supérieures : on l’avait déposé à la Guadeloupe, et on attendait d’en avoir un plus complet
pour les envoyer ensemble à Paris, lorsque l’île fut prise par les Anglais. L’amiral Cochrane
ayant trouvé ce squelette au quartier général, l’envoya à l’amirauté anglaise, qui l’offrit au
Muséum britannique. Il est encore dans cette collection où M. Koenig, conservateur de la
partie minéralogique., l’a décrit pour les Trans. phil. de 1814, et où je l’ai vu en 1818.
M. Koenig fait observer que la pierre où il est engagé n’a point été taillée, mais qu’elle
semble avoir été simplement insérée, comme un noyau distinct, dans la masse environnante.
Le squelette y est tellement superficiel, qu’ôn a dû s’apercevoir de sa présence à la
saillie de quelques-uns de ses os. Ils contiennent encore des parties animales et tout leur
phosphate de chaux. La gangue ; toute formée de parcelles de coraux et de pierre calcaire
compacte, se dissout promptement dans l’acide nitrique. M. Koenig y a reconnu des fragments
dp millepora miniacea, de quelques madrépores, et de coquilles qu’il compare à
l’hélix acuta et au turbo pica. Plus nouvellement, le général Donzelot' a fait extraire un
autre de ces squelettes que l’on voit au Cabinet du Roi, et dont nous donnons la figure,
planche 1. C’est un corps qui a les genoux reployés. Il [y reste quelque peu de la mâchoire
supérieure , la moitié gauche de l’inférieure , presque tout un coté du tronc et du bassin, et
une grande partie de l’extrémité supérieure et de l’extrémité inférieure gauches. La gangue
est sensiblement un travertin dans lequel sont enfouies des coquilles de la mer voisine, et
des coquilles terrestres qui vivent encore aujourd’hui dans l’île , nommément le bulimus
guadalupensis de Férussac.
(i) Voyez le Traité des Pétrifications de M. de Schlotheim. Gotha, 1820, page 5 j ; et sa
lettre dans l’Isis de 1820, huitième cahier, supplément n°. 6 . .