aux nôtres. Buffon dit expressément qu’il en a examiné plusieurs;
que les oiseaux qu’elles contenaient avaient le bec et la taille
des courlis; et cependant il a suivi aveuglément Perrault, en prenant
le tantalus d’Afrique pour l’ibis.
Une de ces momies, ouvertes par Buffon, existe encore au Muséum;
elle est semblable à celles que nous avons vues.
Le docteur Shaw, dans le supplément de son Voyage (édition
anglaise in-folio,.Oxford, 17 4 6 , planche v et pages 64 à 6 6 ) ,décrit
et figure avec soin les os d’une pareille momie. Le bec, ditûl, était
long de six pouces anglais, semblable à celui du courlis, etc. En un
mot, sa description s’accorde entièrement avec la nôtre.
Caylus (Recueil d’Antiquités, tome vi, planche xi, figure 1 ) représente
une momie dibis dont la hauteur, avec ses bandelettes ,
11’est que d’un piedsept pouces quatre lignes, quoiqu’il dise expressément
que l’oiseau y était posé sur ses pieds, la tête droite, et qu’il
n’a eu dans son embaumement aucune partie repliée.
Hasselquist, qui a pris pour l’ibis un petit héron blanc et noir,
donne comme sa principale raison, que la taille de eet oiseau, qui
est celle d’une corneille, correspond très-bien à la grandeur des
momies d’ibis (i). Comment donc Linné put-il donner le nom dibis
à un oiseau grand comme une cigogne ? Comment surtout put-il
regarder cet oiseau comme le même que Yardea ibis d’Hasselquist,
qui, outre sa petitesse, avait le >bec droit? E t comment eette dernière
erreur de synonymie a-t-elle pu se conserver jusqu’à ce jour
dans le Systenia naturce ?
Peu de temps après cet examen fait chez M. Fourcroy, M. Olivier
eut la complaisance de nous faire voir des os qu’il avait retirés de
deux momies d’ibis , et d’en ouvrir avec nous deux autres ; les os s’y
trouvèrent semblables à ceux des momies du colonel Grobert; une
des quatre seulement était plus petite, mais il était facile de juger
par les épiphyses quelle provenait d’un jeune individu. 1
(1) Hasselquist iter Palestinum, page a|9. Magnitude gallinæ, seu contiens; et page u5o ,
vasa quæ in sepulcris inveniuntur, cum avibus condîtis, bujus sunt magmtudinw.
La seule figure de bec d’ibis embaumé qui ne s’accordait pas entièrement
avec les objets que nous avions sous les yeux, était celle
d’Edwards (planche cv); elle est d’un neuvième plus grande, et cependant
nous ne doutons pas de sa fidélité; car M. Olivier nous
montra aussi un bec d’un huitième ou d’un neuvième plus long que
lesautres, comme 180 à i 65, égalera entretiré d’une momie. (Voyez
planche vi, figure a. )5 Ce bec montre seulement qu’il y avait parmi
les ibis des individus plus grands que les autres, mais il ne prouve
rien en faveur du tantalus; car il n’a point du tout la forme du bec
de celui-ci; il ressemble entièrement au bec d’un courlis; et d’ailleurs
le bec du tantalus surpasse d’un tiers celui de nos plus grands ibis
embaumés, et de deux cinquièmes celui des plus petits.
Nous nous sommes assurés de plus qu’il y a des variations semblables
pour la grandeur du bec dans nos courlis d’Europe,selon l’âge
et le sexe : elfes sont encore plus fortes dans le courlis vert d’Italie
et dans nos barges , et il paraît que c’est une propriété commune à la
plupart des espèces de la famille des bécasses.
Enfin nos naturalistes revinrent de l’expédition d’Égypte avec une
riche moisson d’objets tant anciens que récens. Mon savant ami,
M. Geoffroy-Saint-Hilaire,.s’était en particulier occupé avec le plus
grand soin de recueillir les momies de toutes les espèces, et en avait
rapporté un grand nombre de celles d’ibis, tant de Saccara que de
Thëbes.
Les pi emieres étaient dans le meme état que celles qu’avait rapportées
M. Grobert, c est-à-dire que leurs os avaient éprouvé une
sorte de demi-combustion, et étaient sans consistance;'ilsse brisaient
au moindre contact, et il était très-difficile d’en obtenir d’entiers,
encore plus de les rattacher pour en faire un squelette.
Les os de celles deThèbes étaient beaucoup mieux conservés,soit
à cause de laplus.grande chaleur du climat, soit à cause des soins plus
efficaces empIoyésaleurpréparation;etM. Geoffroy en ayant sacrifié
quelques-unes, M. Rousseau,mon aide, parvint, à force de patience,
d adresse, et de procédés ingénieux et délicats, à en refaire un squelette
entier, en dépouillant tous les os, et en les rattachant avec du