tion humaine. Les morceaux de fer trouves à Montmartre sont des
broches que les ouvriers emploient pour mettre la poudre, et qui
cassent quelquefois dans la pierre (i).
Cependant les os humains se conservent aussi bien que ceux des
animaux, quand ils sont dans les mêmes circonstances. On ne remarque
en Egypte nulle différence entre les momies humaines et
celles de quadrupèdes. J’ai recueilli, dans des fouilles faites il y a
quelques années dans l’ancienne église de Sainte-Geneviève, des os
humains enterrés sous la première race, qui pouvaient même appartenir
à quelques princes de la famille de Clovis, et qui ont encore
très-bien conservé leurs formes (2). On ne voit pas dans les champs
de batailles que les squelettes des hommes soient plus altérés que
ceux des chevaux, si l’on défalque l’influence de la grandeur; et
nous trouvons, parmi les fossiles, des animaux aussi petits que le
rat encore parfaitement conservés,..
Tout porte donc à croire que l’espèce humaine n’existait point
dans les pays où se découvrent les os fossiles, à l’époque des révolutions
qui ont enfoui ces os; car il n’y aurait eu aucune raison pour
qu’elle échappât toute entière à des catastrophes aussi générales, et
pour que ses restes ne se retrouvassent pas aujourd’hui comme ceux
des autres animaux : mais je n’en veux pas conclure que l’homme
n’existait point du tout avant cette époque. Il pouvait habiter quelques
contrées peu étendues,, d’où il a repeuplé la terre après ces
événemens terribles; peut-être aussi les lieux où il se tenait ont-ils
été entièrement abîmés et ses os ensevelis au fond des mers actuelles,
à l’exception du petit nombre d’individus qui ont continué son espèce.
Quoi qu’il en soit, l’établissement de l’homme dans les pays
' (1) Il n’est pas sans doute nécessaire que je parle de ces îragmens de grès dont on a cherché
à faire quelque bruit l’année dernière ( 1824), où l’on prétendait^ voir un homme et un
cheyal pétrifiés. Cette seule circonstance, que c’était d’un homme et d'un cheval avec leur
chair et leur peau qu’ils devaient offrir la représentation , aurait du faire comprendre a
tout le monde qu’il ne pouvait s’agir que d’un jeu de la nature et non dune pétrification
véritable.
.{2) Feu Fourcroy en a donné une analyse. ( Annales du Muséum, tome x , page 1. )
où nous avons dit que se trouvent les fossiles d’animaux terrestres,
c’est-à-dire dans la plus grande partie de l’Europe, de l’Asie et de
1 Amérique, est nécessairement postérieur non seulement aux révolutions
qui ont enfoui ces os, mais encore à celles qui ont remis à
découvert les couches qui les enveloppent, et qui sont les dernières
que le globe ait subies; d’où il est clair que l’on ne peut tirer ni de
ces os eux-mêmes, ni des amas plus ou moins considérables de
pierres ou de terre qui les recouvrent, aucun argument en faveur de
l’ancienneté de l’espèce humaine dans ces divers pays.
Au contraire, en examinant bien ce qui s’est passé à la surface du
globe, depuis qu’elle a été mise à sec pour la dernière fois, et que
les continens ont pris leur forme actuelle au moins dans leurs parties
un peu élevées, l’on voit clairement que cette dernière révolution
, et par conséquent l’établissement de nos sociétés actuelles
ne peuvent pas être très-anciens. C’est un des résultats à la fois les
mieux prouvés et les moins attendus de la saine géologie ; résultat
d’autant plus précieux, qu’il lie d’une chaîne non interrompue
l’histoire naturelle et l’histoire civile.
En mesurant les effets produits dans un temps donné par les
causes aujourd’hui agissantes, et en les comparant avec ceux qu’elles
ont produits depuis qu’elles ont commencé d’agir, l’on parvient à
déterminer à peu près l’instant où leur action a commencé, lequel
est nécessairement le même que celui où nos,continens ont pris leur
forme actuelle, ou que celui de la dernière retraite subite des eaux.
C’est en effet à compter de , cette retraite que nos esearpemens
actuels ont commencé à s’ébouler, et à former à leur pied des collines
de débris; que nos fleuves actuels ont commencé à, couler et
à déposer leurs alluvions; que notre végétation actuelle a commencé
à.s’étendre et à produire du terreau; que nos falaises actuelles ont
commencé à.être rongées par la mer; que nos dunes actuelles ont
commencé à être rejetées parle vent; tout comme c’est de cette
meme epoque que des colonies humaines ont commencé ou recommence
à së répandre, et à faire des établissemens dans les lieux
Preuves physiques
de la nouveauté
de l’état
actuel des continens.