Le savant astronome M. Burkard, d apres un premier aperçu,
jugea qu’à Dendera le solstice est dans le lion; par conséquent de
deux signes moins reculé qu’anjourd’hui, et que le temple a au
moins quatre mille ans (i).
Il en donnait en même temps sept mille à celui d’Esné, sans que
l’on sache trop comment il entendait faire accorder ces nombres avec
ce que l’on connaît de la précession des équinoxes.
Feu Lalande, voyant que le cancer était répété sur les deux
bandes, imagina que le solstice passait au milieu de cette constellation;
mais comme c’était ce qui avait lieu dans la sphère d Eu-
doxe, il conclut que quelque Grec pouvait avoir représenté cette
sphère au plafond d’un temple égyptien, sans savoir qu’il représentait
un état du ciel qui depuis long-temps n’existait plus (2). G était,
comme on voit, une conséquence bien contraire à celle de M. Burkard.
Dupuis, le premier, crut nécessaire de chercher des preuves de
cette idée, en quelque sorte adoptée de confiance, qu’il s’agissait
du solstice; il les vit, pour le grand zodiaque de Dendera, dans ce
globe au sommet de la pyramide et dans plusieurs emblèmes placés
près de différens signes, et qui tantôt, selon d anciens auteurs,
comme Plutarque, Horus-Apollo ou Clément d Alexandrie:, tantôt
selon ses propres conjectures, devaient représenter des phénomènes
qui auraient été réellement ceux des saisons affectées à chaque
signe.
Du reste, il soutint que cet état du ciel donne la date du monument,
et que l’on avait à Dendera l’original et non pas une copie
de la sphère d’Eudoxe ; ce qui le conduisit à mille quatre cent
soixante-huit ans avant Jésus-Christ, au règne de Sésostris.
Cependant ce nombre de dixrneuf bateaux placés, sous chaque
bande lui donna l’idée que le solstice pourrait bien avoirété, au dix-
(1) Description des pyramides de Gizé, par M. Grobert, page 117.
(2) Connaissance des temps pour l’an xiy.
neuvième degré du signe, ce qui ferait deux cent quatre-vingt-huit
ans de plus (i).
M. Hamilton (2) ayant remarqué qu’à Dendera le scarabée du
coté des signes ascendans est plus petit que celui de l’autre côté, un
auteur anglais (3) en a conclu que le solstice peut avoir été plus près
de son point actuel que le milieu du cancer, ce qui pourrait nous
ramener à mille ou mille deux cents ans avant Jésus-Christ.
Feu Nouet jugeant que ce glolîe, ces rayons et cette tête cornue
ou d’Isis représentent le lever héliaque de Sirius, prétendit que l’on
avait voulu marquer une époque de la période sothiaque, mais
qu’on avait voulu la marquer par la place qu’occupait le solstice;
or, dans l’avant-dernière de ces périodes, celle qui s’est écoulée depuis
2782 jusqu’à 1322 avant Jésus-Christ, le solstice a passé de
trente degrés quarante-huit minutes de la constellation du lion à
treize degrés trente-quatre minutes du cancer. Au milieu de cette
période il était donc à vingt-trois degrés trente-quatre minutes du
cancer; le lever héliaque de Sirius arrivait alors quelques jours après
le solstice; c’est à peu près ce que l’on a indiqué, selon M. Nouet,
par la répétition du scarabée, et par l’image de Sirius dans les
rayons du soleil plaoée au commencement de la bande de droite.
D après cette manière de voir, il conclut que ce temple est de deux
mille cinquante-deux ans avant Jésus-Christ, et celui d’Esné de
quatre mille six cents (4).
Tous cesxalculs, même en admettant que la division marque le
sôlstice, seraient encore susceptibles de beaucoup de modifications: 1 2
(1) Observations sur le zodiaque de Dendera, dans la Revue philosophique et littéraire, an
1806, deuxième trimestre, pages 2S7 et suivantes.
(2) Ægyptiaca, page 212.
"© Voyez dans JejBriStish Review de février 1817 images i 36 et suivantes, l’article ri sur
l’origine et l’antiquité du zodiaque. Il est traduit à la suite de la Lettre critique sur la Zodia-
comanie de Swartz.
J 4) v °y ez le mémoire de Nouet dans les Recherches nouvelles sur l’Histoire ancienne de
Yolney, tome m, pages 328 à 336.