On en a trouvé les débris de quatre espèces :
La plus répandue (/. commuais) a des dents coniques mousses;
sa longueur va quelquefois à plus dé vingt pieds.
La seconde (/. platyodon'), au moins aussi grande, a des dents
comprimées, portées sur une racine ronde et renflée.
La troisième (/. tenuirostris) a des dents grêles et pointues, et le
museau mince et allongé.
La quatrième (/. intermedius') tient le milieu, pour les dents,
entre la précédente et la commune. 'Ces deux dernières n’atteignent
pas à moitié de la taille des deux premières (i).
L e plésiosaurus, découvert par M. Gonybeare, devait paraître
encore plus monstrueux que l’ichtyosaurus. Il en avait aussi les
membres, mais déjà un peu plus allongés et plus flexibles; son
épaule, son bassin étaient plus robustes; ses vertèbres prenaient
déjà davantage lès formes et les articulations de celles des lézards;
mais ce qui le distinguait de tous les quadrupèdes ovipares et vivipares,
c’était un cou grêle aussi long que son Corps, composé de
trente et quelques vertèbres, nombre supérieur à Celui du cou de
tous les autres animaux, s’élevant sur le tronc comme pourrait
faire un Corps dè serpent, et se terminant par une très-petite tête
dans laquelle s’observent tous les caractères essentiels de celle des
lézards.
Si quelque chose pouvait justifier ces hydres et ces autres monstres
dont les monumens du moyen âge ont si souvent répété les
figures, ce serait incontestablement ce plésiosaurus (a).
On en connaît déjà cinq espèces, dont la plus répandue (Z3. doli-
chodeirus) arrive à plus de vingt pieds de longueur.
Une seconde [P . recentior'), trouvée dans des couches plus modernes,
a ies vertébrés plus plates.
Une troisième (Z3, carihatus) montre une arête à la face inférieure
de ses vertèbres. 1 2
(1) Voyez mes Recherches, tome v , deuxième partie, page 456.
(2) Ibid. , pages 475 et suivantes.
Une quatrième et une cinquième enfin (Z3. pentagonus et P . tn -
gonus ) les ont à cinq et à trois arêtes ( 1 ).
Ces deux genres sont répandus partout dans le lias; on les a découverts
en Angleterre, où cette pierre est à nu sur de longues falaises:
mais on les a retrouvés en France et en Allemagne.
Avec eux vivaient deux espèces de crocodiles, dont les os sont
aussi déposés dans le lias, parmi des ammonites, des térébratules et
d’autres coquilles de cette ancienne mer. Nous en avons des osse-
mens dans nos falaises de Honfleur, où se sont trouvés les débris
d’après lesquels j’en ai donné les caractères (2).
Une dejjes espèces, le gavial à long bec, avait le museau plus
long et la tête plus étroite que le gavial ou crocodile à long bec du
Gange; le corps de ses vertèbres était convexe en avant, tandis que,
dans nos crocodiles d’aujourd’hui, il l’est en arrière. On l’a retrouvée
dans les lias de Franconie comme dans ceux de France.
Une seconde espèce, le gaviàl à bec court, avait le museau
de longueur médiocre, moins effilé que le gavial du Gange, plus
que nos crocodiles de Saint-Domingue. Ses vertèbres étaient légèrement
concaves à leurs deux extrémités.
Mais ces crocodiles ne sont pas les seuls qu’aient recueillis les
bancs de ces calcaires secondaires.
Les belles carrières d’oolithe de. Caen en ont offert un très-
remarquable, dont le museau, aussi long et plus pointu que celui
du gavial à long bec, est suivi d’une tête plus dilatée en arrière, à
fosses temporales plus larges; c’était, par ses écailles pierreuses et
creusées de fossettes rondes, le mieux cuirassé de tous les crocodiles
(3). Ses dents de la mâchoire inférieure sont alternativement
plus longues et plus courtes.
Il y en a encore un autre dans l’oolithe d’Angleterre, mais que 1
(1) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome v, deuxième partie, pages 485
et 486.
(2) Ibid.., pag. 743.
(3) Ibid. , tome v, deuxième partie, page 127.