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tent sont dues à quelque recomposition locale et postérieure à 1 e-
poque de la formation primitive des bancs. Qnoi qu’il en soit, pendant
long-temps encore on trouve que la classe des reptiles dominait
exclusivement.
Les sables ferrugineux placés, en Angleterre , au-dessus de la
craie, contiennent en abondance des crocodiles, des tortues, des
mégalosaurus, et surtout un reptile qui offrait encore un caractère
tout particulier, celui d’user ses dents comme nos mammifères
herbivores. .
C’est àM.Mantell, de Lewes en Susses, quel’ondoitla decouverte
de ce dernier animal, ainsi que des autres grands reptiles de ces sables
inférieurs à la craie (1). Il l’a nommée iquanodon.
Dans la craie même il n’y a que des reptiles; on y voit des restes
de tortues, de crocodiles.Les fameuses carrières de tuffau de la montagne
de Saint-Pierre, près de Maastricht, qui appartiennent à la
formation de la craie, ont donné à côté de très-grandes,tortues de
mer et d’une infinité de coquilles et de zoophytes marins, un genre
de lézards non moins gigantesques que le mégalosaurus, qui est devenu
célèbre par les recherches de Camper et par les figures que
l'a ni as a données de ses os, dans son histoire de cette montagne.
U était long de vingt-cinq pieds et plus; ses grandes mâchoires
étaient armées de dents très-fortes,, coniques, un peu arquéesmt relevées
d’une arête,et il portait aussi quelques-unes de ces dents dans
le palais. On comptait plus de cent trente vertèbres dans son épine,
convexes en avant , concaves en arrière. Sa queue itait haute et
plate, et formait une large rame verticale, (2). M. Conybeare,a proposé
récemment de l’appeler mosasaurus.
Les argiles et les lignites qui recouvrent le dessus de la craie ne
m’ont encore offert que des crocodiles (3) , et j’ai tout heu de croire
■ '(,) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome v , deuxième partie, pages ,6 .,
232 et 35o.
(2) Ibid. , pag. 3io et suivantes.
(3) Ibid. | page i63.
que les lignites qui ont donné, en Suisse, des os de castor et de
mastodonte, appartiennent à un âge plus récent. Ce n’est même que
dans le calcaire, grossier qui repose sur ces argiles que j’ai commencé
à trouver des os de mammifères; encore appartiennent-ils tous à des
mammifères marins, à des dauphins inconnus et à des lamantins,
à des morses.
Parmi les dauphins, il en est un dont le museau, plus allongé que
dans aucune espèce connue, avait la mâchoire inférieuresymphysée
sur une bonne partie de sa longueur presque comme dans un gavial.
II a été trouvé près de Dax par feu le président de Borda (1).
Un autre, des faluns du département de l’Orne, avait aussi le
museau long, mais un peu autrement conformé (2).
Le genre entier des lamantins est aujourd’hui habitant des mers
de la zone torride; et celui des morses, dont on ne connaît qu’une
espèce vivante, est confiné dans la mer Glaciale. Cependant nous
trouvons des ossemens de ces deux genres réunis dans les couches
de. calcaire grossier du milieu de la France; et cette réunion d’espèces,
dont les plus semblables sont aujourd’hui dans des zones opposées,
se reproduira plus d’une fois.
Nos lamantins fossiles sont différens. dps lamantins connus, par
une tête plus allongée et autrement configurée (3). Leurs côtes, très-
reconnaissables à leur épaisseur arrondie et à la densité de leur tissu,
ne sont pas rares dans nos différentes provinces.
Quant au morse fossile, on n’en a encore que de petits fragmens
insuffisans pour en caractériser l’espèce (4)-
Ce n’est que dans les couches • qui ont succédé au calcaire grossier,
ou tout au plus dans celles qui auraient pu se former en même
temps que lui, mais dans des lacs d’eau douce, que la classe des
mammifères terrestres commence à se montrer dans une certaine
abondance. 1
(1) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome v , première partie , page 3 16.
(2) Ib id , page 317.
(3) Ibid, page 266.
(4) Ibid y tome y, première partie, page 23/£; et deuxième partie, page 521.