Conclusion
generale relative
à l’époque
de la dernière
révolution.
à en juger par leurs déblais, ont dû ê tre exploitées depuis plus de quarante
mille ans; mais un.autre auteur, qui a aussi examiné ces déblais
avec soin, réduit cet intervalle à un peu plus de cinq mille (i); et
encore en supposant que les anciens n’exploitaient chaque année
que le quart de ce que l’on exploite maintenant. Mais quel motif
a-t-on de croire que les Romains, par exemple, tirassent, si peu de
parti de ces mines, eux qui consommaient tant de fer dans leurs armées?
de plus, si ces mine§, avaient.été en-exploitation il y a seulement
quatre mille an% comment le fer aurait-il été si peu connu dans
la haute antiquité?
Je pense donc, avec MM, Del-uç et Dolomieu, que, s’il y a
quelque chose de constaté en géologie, c’est que.la surface de notre
globe a été victime d’une grande et subite révolution, dont la date
ne peut remonter bea-ucûup au delà de cinq ou six mille ans; que
cette révolution a enfoncé et fait disparaître les pays qu’habitaient
auparavant les hommes et les espèces des animaux aujourd’hui les
plus connus; qu’elle a, au contraire, mis à sec le fond de la dernière
mer, et en a formé les pays aujourd’hui habités; que c’est depuis cette
révolution que le petit nombre des individus épargnés par elle se sont
répandus et propagés sur les terrains nouvellement-mis à sec, et par
conséquent que c’est depuis cette époque seulement.que nos sociétés
ont repris une marche progressive, qu’elles ont formé des établis-
semens, élevé des monumens, recueilli des faits naturels, et combiné
des systèmes scientifiques.
Mais ces pays aujourd’hui habités, et que la dernière révolution
a mis à sec, avaient déjà été habités auparavant, sinon par des
hommes, du moins par des animaux terrestres; par conséquent une
révolution précédente, au moins, les avait mis sous les eaux; et, si
l’on peut en juger par lesdifférens ordres d’animaux dont on y trouve
les dépouilles, ils avaient peut-être subi jusqu’à deux ou trois irruptions
de la mer.
(i) Yoyez M. de Fortia d’Urban, histoire dé la Chine avant le déluge d’Ogygès, page 33.
Ce sont ces alternatives qui me paraissent maintenant le problème Id“ 5 de! re'
. 1 1 i * ' u* 1 'C * % cherches a faire
géologique le plus important à résoudre,.ou plutôt a bien définir, a ultérieurement
bien circonscrire; car, pour le résoudreen entier, il faudrait découvrir en géologfe.
la cause de ces événemens, entreprise d une toute autre difficulté.
Je le répète, noiis voyons assez clairement ce qui se passe à la
surface des continens dans leur ét?t actuel; nous avons assez bien saisi
la marche uniforme^et la succession régulière des terrains primitifs,
mais l’étude des terrains secondaires est à peine ébauchée; cette série
merveilleuse de zoophytes et- de mollusques marins inconnus,
sûivis de reptiles-et de poissons d’eau douce également inconnus,
remplacés-à leur tour par d’autres zoophytes et mollusques plus
voisins de-ceux d’aujourd hui; ces animaux terrestres, et ces mollusques,
et autres animaux d’eau- douce toujours inconnus qui
viennent ensuite occuper les lieux, pour en être encore chasses, mais
par des mollusques et d’autres animaux semblables à ceux de nos
mers; les rapports de ces êtres varies avec les plantes dont les débris
aæcompagnent les leurs, les relations de ces deux règnes avec les
couches minérales qui les recèlent; le plus ou moins d’uniformité
des uns et des. :autrefe dans les différens bassins : voilà un ordre de
phénomènes qui me paraît appeler maintenant impérieusement l’attention
des philosophes.
Intéressante par la variété des produits des révolutions partielles
ou générales de cette époque, et par l'abondance des espèces diverses
qui figurent alternativement sur la scène, cette étude n’a point
l’aridité de celle des terrains primordiaux,; et ne jette point, comme
elle, presque nécèssjîirement dans les hypothèses. Les faits sont si
pressés, si curieux, si évidens, qu ils suffisent, pour ainsi dire, a 1 i-
magination la plus ardeute; et les conclusions qu’ils amènent de
temps en temps, quelque réserve qu’y mette 1 observateur; n ayant
rien de vague, n’ont aussi rien d’arbitraire ; enfin, c est dans ces eve-
nemens plus rapprochés de nous que nous pouvons esperer de trouver
quelques traces des événemens plus anciens et de leurs causes,
si toutefois il est encore permis, après de si nombreuses tentatives,
de se flatter d’un tel espoir.