Examen des
causes qui agissent
encore aujourd’hui
à la
surface du globe.
Ëboulemens.
cision; ce sont autant de points qui servent de règle et de direction
à cette antique chronologie.
Examinons maintenant ce qui se passe aujourd’hui sur le globe;
analysons les causes qui agissent encore à sa surface, et déterminons
l’étendue possible de leurs effets. C’est une partie de l’histoire de la
terre d’autant plus importante, que l’on a cru long-temps pouvoir
expliquer, par ces causes actuelles, les révolutions antérieures,
comme on explique aisément dans l’histoire politique les événemens
passés; quand on connaît bien les passions et les intrigues de nos
jours. Mais nous allons voir que malheureusement il n’en est pas
ainsi dans l’histoire physique : le fil des opérations est rompu; la
marche de la nature est changée; et aucun desagens qu’ellë emploie
aujourd’hui ne lui aurait suffi pour produire ses anciens ouvrages.
Il existe maintenant quatre causes actives qui contribuent à
altérer la surface de nos continens : les pluies et les dégels qui
dégradent les montagnes escarpées, et eh jettent les débris à leurs
pieds ; les eaux courantes qlii entraînent ces débris, et vont les
déposer dans les lieux où elles ralentissent leur cours; la mer qui
sape le pied des côtes élevées, pour y former des falaises, et qui
rejette sur les côtes basses des monticules de sablés; enfin les volcans
qui percent les couches solides, et élèvent ou répandent à la
‘surface les amas de leurs déjections (1).
Partout où les couches brisées offrent leurs tranchans sur des
faces abruptes, il tombe à leur pied, à chaque printemps, et même
à chaque orage* des fragmens de. leurs matériaux, qui s’arrondissent
en roulant les uns sur les autres, et dont l’amas prend une
inclinaison déterminée par les lois de la cohésion, pour former ainsi
(1) Voyez, sur les changement de la surface de la terre, connus;par l’histoire ou par la
tradition, et dus par conséquent aux causes actuellement agissa'rites, l’ouvrage allemand de
M. de Hof, en 2 vol. in-8°. Goth. 1822 et 1824. Les faits y sont recueillis avec-autant de
soin que d’érudition.
au pied de l’escarpement une croupe plus ou moins élevée, selon
que les chutes de débris sont plus ou moins abondantes ; ces croupes
forment les flancs des vallées dans toutes les hautes montagnes, et
se couvrent d’une riche végétation quand les ëboulemens supérieurs
commencent à devenir moins fréquens; mais leur défaut de solidité
les rend sujettes à s’ébouler elles-mêmes quand elles sont minées
par les ruisseaux; et c’est alors que des villes, que des cantons riches et
peuplés se trouvent ensevelis sous la chute d’une montagne; que
le cours des rivières est intercepté, qu’il se forme des lacs dans des
lieux auparavant fertiles et rians. Mais>ces grandes chutes heureusement
sont rares, et la principale influence de ces collines de débris,
c’est de fournir des matériaux pour les ravages des torrens.
Les eaux qui tombent sur les crêtes et les sommets des montagnes,
ou les vapeurs qui s’y condensent? ou les neiges qui s’y liquéfient,
descendent par une infinité de filets le long de leurs pentes; elles en
enlèvent quelques parcelles-, et,y tracent par leur passage des sillons
légers. Bientôt ces filets se réunissent dans les creux plus marqués
dont la surface des montagnes ést labourée; ils s’écoulent par les
vallées profondes qui en entament le pied, et vont former ainsi les
rivières et les fleuves qui reportent à la mer les eaux que la mer
avait données à 1 atmosphère. A la fonte des neiges, ou lorsqu’il survient
un orage, le volume de ces eaux des montagnes subitement
augmenté se précipite avec une vitesse proportionnée aux pentes ;
elles vont heurter avec violence le pied de ces croupes de débris qui
couvrent les flancs de toutes les hautes vallées; elles entraînent avec
elles les fragmens déjà arrondis qui les composent; elles les émoussent,
les polissent encore par le frottement; mais , à mesure qu’elles
arrivent à des vallées plus unies où leur chute diminue, ou dans des
bassins plus larges où il leur est permis fie s’épandre, elles jettent
sur la plage les plus grosses de ces pierres quelles roulaient; les
débris plus petits sont déposés plus bas; et il n’arrive guère au grand
canal de la rivière que les parcelles les plus menues, ou le limon le
plus imperceptible. Souvent même le cours de ces eaux, avant de
Alluvions.