ranteans plus tard, sous la dynastie qui avait renversé celle h laquelle
appartenait. Chi-Hoangti, une partie du Chouking fut restituée de
mémoire par un vieux lettré, et une autre fut retrouvée dans un
tombeau; mais près de la moitié fut perdue pour toujours. Or ce
livre, le plus authentique de la Chine, commence l’histoire de ce
pays par un empereur nommé Yao, qu’il nous représente occupé à
faire écouler les eaux qu i, s étant élevées jusqu'au c ie l, baignaient
encore le pied des plus hautes montagnes, couvraient les collines
moins élevées, e t rendaient les plaines impraticables ( ï). Ce Yao
date, selon les uns, de quatre mille cent soixante-trois; selon les
autres, de trois mille neuf cent quarante-trois ans avant le temps
actuel. La variété des opinions sur cette époque va même jusqu’à
deux cent quatre-vingt-quatre ans.'ï *■
Quelques pagesplusloin onnous montreYu,ministre et ingénieur,
rétablissant le cours des eaux, élevant des digues, creusant des
canaux, et réglant les impôts de chaque province dans toute la
Chine, c’est-à-dire dans un Empire de six cents lieues en tout sens;
mais l’impossibilité de semblables opérations, après de semblables
éyénemens, montre bien qu’il ne s’agit ici que d’un roman moral
et politique (2).
Des historiens plus modernes oiit ajouté une suite d’empereurs
avant Yao,mais avec une foule de circonstances fabuleuses, sans oser
leur assigner d’époques fixes; en variant sans cesse entre eux , meme
sur leur nombre et sur leurs noms, et sans être approuvés de tous leurs
compatriotes. Fouhi, avec son corps de serpent , sa tête de boeufet
ses dents de tortue, ses successeurs .non moins monstrueux, sont
aussi absurdes et n’ont pas plus existé qu’Encelade et Briarée.
Est-il possible que ce soit un simple hasard qui donne un résultat
aussi frappant, et qui fasse remonter à peu près à quarante siècles
l’origine traditionnelle des monarchies assyrienne, indienne et chi- 1 2
(1) Cliouking, traduction française, page 9.
(2) C’est le Yu-Kong ou le premier chap. de la deuxième partie du Chouking, pages 43 à
60.
noise? Les idées de peuples qui ont eu si peu de rapports ensemble,
dont la langue,'la religion, les lois n’ont rien de commun, s’accorderaient
elles sur ce point si elles n’avaient la vérité pour base?
Nous ne demanderons pas de dates précises aux Américains, qui
n’avaient point de-véritable écriture, et dont les plus anciennes traditions
ne remontaient qu’à quelques siècles avant l’arrivée des Espagnols;
et cependant l’on croit encore apercevoir des traces d’un
déluge .dans leurs grossiers hiéroglyphes. Ils ont leur Noé ou leur
Deucalion, comme les Indiens, comme les Babyloniens, comme les
Grecs ( i ). ;
La plus dégradée des races humaines, celle des nègres, dont les
formes s’approchent le plus de la brute, et dont l’intelligence ne s’est
élevée nulle part au point d’arriver à un. gouvernement régulier, ni
à la moindre apparence de connaissances suivies, n’a conservé nulle
part d’annales ni de tradition. Elle ne peut donc nous instruire sur
ce que.nous cherchons, quoique tous ses caractères nous montrent
clairement qu’elle a échappé à la grande catastrophe sur un autre
point que les races caucasique et altaïque, dont elle était.peut-être
séparée depuis long-temps quand cette catastrophe arriva.
Mais, dit-on, si les anciens peuples ne noiis ont pas laissé d’histoire,
leur longue existence en corps de nation n’en est pas moins
attestée par les progrès qu’ils avaient faits dans l’astronomie ; par des
observations dont la date .est facile à assigner, et même par des
monumens encore subsistans, et qui portent eux-inèmes leurs dates.
Ainsi la longueur de l’année, telle que les Egyptiens sont supposés
l’avoir déterminée d’après le lever héliaque de Sirius, se trouve
juste pour une période comprise entre l’année trois mille et l’année
mille avant Jésus-Christ, période dans laquelle tombent aussi les
traditions de leurs conquêtes et de la grande prospérité de leur
empire. Cette justesse prouve à quel point ils avaient porté l’exactitude
de leurs observations, et fait sentir qu’ils se livraient depuis
long-temps à des travaux semblables.
(i) Voyez l’excellent et magnifique ouvrage de M. de Humboldt, sur les monumens
m e x i c a i n s .