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Le .genre des antracotheriums est à peu près intermédiaire entre
les palæotheriums, les anoplotheriums et lès cochons. Je 1 ai nommé
ainsi parce que deux de ses espècesônt été trouvées dans les lignites
de Cadibona, près de Savone. La première approchait du rhinocéros
pour la taille ; la seconde était beaucoûp moindre. On en trouve
aussi en Alsace et dans le Vélay. Leurs mâchelières ont des rapports
avec celles des anoplotheriums; mais ils ont des canines saillantes
(i).
Le genre cheropotame vient de nos plâtrières, où il accompagne
les palæotheriums et les anoplotheriums, mais où il est beaucoup plus
rare. Ses molaires postérieures sùntcarréesen haut, rectangulaires-en
bas, et ont quatre fortes éminences coniques entourées d éminences
plus petites. Les antérieures sont des cônes courts, légèrement
comprimées et à deux racines. Ses canines sont petites. On ne
connaît pas encore ses incisives ni ses pieds.'Je n’en ai qu une espèce
de la taille d’un cochon de Siam (2).
Le genre adapis n’a également qu’une espèce, au plus de la tai le
d’un lapin : il vient aussi de nos plâtrières, et devait tenir de près aux
anoplothériums (3).
Ainsi voilà près de quarante espèces de pachydermes de genres
entièrement éteints, et dans des tailles et des formes auxquelles
le règne animal actuel n’offre de comparable que deux tapirs et un
daman.
Ce grand nombre de pachydermes est d autant plus remarquable,
que les ruminans, aujourd’hui si nombreux dans les genres
des cerfs et des gazelles, et qui arrivent à une si grande taille
dans ceux des boeufs, des giraffes et des chameaux, ne se montrent
presque pas dans les terrains dont nous parlons maintenant.
Sapl
Je n’en ai pas vu le moindre reste dans nos plâtrières, et tout ce 1
(1) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome ui, pages 398 et 4°4 > tome .v ,
page 5o i , tome y , deuxième partie, page 5o6.
(2) Ibid ., tome'iu, page 260.
(3) 'Ibid., page 265.
qui m en est parvenu consiste en quelques fragmens d’un cerf de la
taille du chevreuil, mais d’une autre espèce, recueillis avec les pa-
læolheriums d’Orléans(i),et dans un ou deux autres petits morceaux
de Suisse, et peut-être d’origine équivoque.
Mais nos pachydermes n’étaient pas pour cela les seuls habitans
des pays où ils vivaient. Dans nos!plâtrières, du moins, nous trouvons
avec eux des carnassiers, des rongeurs, plusieurs sortes d’oiseaux,
des crocodiles et des tortues ; et ces deux derniers genres les
accompagnent aussi dans les molasses et les pierres marneuses du
milieu et du midi de la France.
A la tete des carnassiers je place une chauve-souris tout récemment
découverte à Montmartre, et du propre genre des vespertilions (2).,
L ’existence de ce genre à une époquer si reculée est d’autant plus surprenante,
que ni dans ce terrain, ni dans ceux qui lui ont succédé,
je n’ai pas vu d’autre trace ni des chéiroptères ni des quadrumanes.
Aucun os, aucune dent de singe ni de maki ne se sont jamais présentés
à moi dans mes longues recherches.
Montmartre a aussi donné les os d’un renard différent du nôtre et
qui différé egalement des chacals, des isatis et des différentes espèces
de renards que nous connaissons en Amérique (3); ceux d’ün carnassier
voisin des ratons et des coatis, mais plus grand que ceux qui
sont connus (4) ; ceux d’une espèce particulière de genette (5) et de
deux ou trois autres carnassiers impossibles à déterminer faute d’en
avoir des portions assez complètes.
Ce qui est bien plus notable encore, il y a des squelettes d’un
petit sarigue, voisin de la marmose, mais différent, et par conséquent
d un animal dont le genre est aujourd’hui confiné dans le Nou-
(1) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome iv , page io3.
(3) J’en dois,la connaissance à M. le comte de Bournon ; et-éomme je ne l’ai pas décrite
dans mon grand ou v ra g e j’en donne une figure , planche II, figures r et 2.
(3) Voyez mes recherches sur les ossemens fossiles, tomém.naee 260.
(4) Ibid., page 269.