On ignore encore quelle est la forme de leur museau elle nombre
de leurs doigts. J’en ai découvert jusqu’à douze espèces, toutes de
France, ensevelies dans des pierres marneuses formées dans 1 eau
douce, et remplies de limnées et de planorbes qui sont des coquilles
d’étang et de marais.
La plus grande se trouve près d’Orléans dans la meme carrière
que les palæotberiums ; elle approche du rhinocéros.
Il y en a dans le même lieu une autre plus petite; une troisième
se trouve à Montpellier; une quatrième près de Laon; deux près do
Buchsweiler, en Alsace ; cinq près d’Argenton, en Berry ; et 1 une
des trois se retrouve près d’Issel, où il y en a encore deux autres. Il
y en a aussi une très-grande près de Gannat (r).
Ces espèces diffèrent entre elles par la taille, qui dans les plus petites
devait égaler à peine celle d’un agneau de trois mois; et par
des détails dans les formes de leurs dents qu’il serait trop long et
trop minutieux d’exposer ici. •
Les anoplotheriumsniesesonttrouvésjusqu àpresent que dans les
seules plâtrières des environs de Paris. Ils ont deux caractères qui ne
s’observent dans aucun autre animal ; des pieds à deux doigts dont
les métacarpes et les métatarses demeurent distincts et ne se soudent
pas en canons comme ceux des ruminans, et des dents en sérié continue
et que n’interrompt aucune lacune. L ’homme seul a les dents
ainsi contiguës les unes aux autres sansintervalle vide ; celles des anoplotheriums
consistent en six incisives à chaque mâchoire; une canine
et sept molaires de chaque côte, tant en haut quen bas; leurs
canines sont courtes et semblables aux incisives externes. Les trois
premières molaires sont comprimées; les quatre autres sont, à la
mâchoire supérieure, carrées avec des crêtes transverses et un petit
cône entre elles; et à la mâchoire inférieure en double croissant,
mais sans collet à la base. La dernière a trois croissans. Leur tête
(i) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome n, première partie, pages 177
et 218 ; tome m, pag 3g4 ; et tome iv , page 49^*
est de forme oblongue, et n’annonce pas que le museau se soit terminé
ni en trompe ni en boutoir.
Ce genre extraordinaire, qui ne peut se comparer à rien dans la
nature vivante, se subdivise en trois sous-genres.: les anoplotheriums
proprement dits, dont les molaires antérieures sont encore
assez épaisses, et dont les postérieures d’en bas ont leurs croissans à
crete simple ; lesxiphodons, dont les molaires antérieures sont minces
et tranchantes, et dont les postérieures d’en bas ont vis-à-vis la concavité
de chacun de leurs croissans une pointe qui prend aussi en
S'Usant la forme d’un croissant, en sorte qu’ alors les croissans sont
doubles comme dans les ruminans; les dichobunes, dont les croissans
extérieurs sont aussi pointus dans le commencement, et qui
ont ainsi sur leurs arrière-molaires inférieures des pointes disposées
par paires.
L anoplothenum le plus commun dans nos plâtrières (A n . com-
munejesl un animal haut comme un sanglier, mais bien plus allongé,
et portant une queue très-longue et très-grosse, en sorte qu’au total
il a à peu près les proportions de la loutre, mais plus en grand.
II est probable qu’il nageait bien et fréquentait les lacs, dans le fond
desquels ses os ont été incrustés par le gypse qui s’y déposait. Nous
en avons un un peu plus petit, mais d’ailleurs assez semblable (A n .
secundarium).
Nous ne connaissons encore qu’un xiphodon, mais très-remarquable,
celui que je nommei», gracile. Il est svelte et léger comme
la plus jolie gazelle.
Il y a un dichobune à peu près de la taille du lièvre, que j’appelle
A n . leporinum. Outre ses caractères sous-génériques il
diffère des anoplothériums et des xiphodons par deux doigts petits
et grêles qu’il a à chaque pied aux côtés des deux grands doigts.
Nous ne savons pas si ces doigts latéraux existent dans les deux
autres dichobunes, qui sont petits et surpassent à peine le cochon
d’Inde (i). 1
(1) Sur les anoplotheriums, voyez tout le tome in de mes Recherches, et particulière-
ment les pages.25o et 3g6.