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 Chine  :  il  envoya,  dit le Chouking,  des  astronomes  vers  les quatre  
 points  cardinaux  de  son Empire  pour  examiner  quelles  étoiles  présidaient  
 aux  quatre  saisons,  et  pour  régler  ce  qu’il  y  avait  à  faire  
 dans  chaque temps  de  l’année (i),  comme  s’il  eût  fallu  se  disperser  
 pour  une  semblable  opération.  Environ  deux cents ans plus tard  le  
 Chouking  parle  d’une éclipse  de  soleil,  mais avec des circonstances  
 ridicules,  comme  dans  toutes les  fables  de  cette  espèce,  car on  fait  
 marcher  un  général  et  toute  l’armée  chinoise  contre  deux  astronomes, 
   parce  qu’ils  ne  l’avaient  pas  bien  prédite  (2) ; et  l’on  sait  
 que,  plus  de deux  mille  ans  après, les  astronomes  chinois  n’avaient  
 aucun moyen de  prédire  exactement  les éclipses de  soleil.  En  1629  
 de  notre ère,  lors  de  leur  dispute  avec  les  jésuites,  ils  ne  savaient  
 pas même  calculer les  ombres. 
 Les  véritables  éclipses,  rapportées  par  Confucius  dans  sa  chronique  
 du  royaume  de Lou,  ne  commencent  que  mille quatre  cents  
 ans après celle-là, en 776avant Jésus-Christ,  etàpeine un demi-siècle  
 plus  haut  que  celles  des  Chaldéens  rapportées  par  Ptolomée ;  tant  
 il  est vrai que les  nations échappées  en  même  temps à la  destruction  
 sont aussi  arrivées  vers le même temps , quand  les circonstances  ont  
 été semblables, à un même degré de civilisation. Or on croirait, d’après  
 l’identité  de  nom  des astronomes  chinois  sous  différens règnes  
 (ils paraissent,  d’après  le Chouking,  s’être tous  appelés H t et Ho),  
 qu’à  cette  époque reculée  leur profession  était héréditaire en  Chine  
 comme  dans  l’Inde,  en Egypte et  à Babylone. 
 «  Upanacshatras ou  constellations extra-zodiacales, avec des dessins de Capéya,  de Câsyapè  
 «  assise,  tenant une  fleur  de  lotus  à la  main,  d’Àntarmada  enchaînée  avec le  poisson  près  
 «. d’elle,  et  de Pârasica  tenant  la  tête d’un  monstre  qu’il  avait  tué,  dégouttant  de  sang et  
 «  avec des  serpens  pour  cheveux.  » 
 Qui  ne reconnaîtrait là Persée, Céphée et Cassiopée? Mais n’oublions pas que  ce pandit de  
 M. Wilfort  est  devenu  bien  suspect. 
 (1) Chouking, pages 6  et 7. 
 (2) Chouking,  pages  66 et  suivantes. 
 La seule  observation  chinoise plus  ancienne,  qui  ne  porte  pas en  
 elle-même  la  preuve  de  sa-fausseté,  serait  celle de l’ombre faite par  
 Tcheou-Kong  vers  1100  avant  Jésus-Christ;  encore  est-elle  au  
 moins  assez  grossière  (i). 
 Ainsi nos  lecteurs  peuvent juger  que  les  inductions  tirées d’une  
 haute perfection de l’astronomie des anciens peuples ne sont pas plus  
 concluantes en  faveur de  l’excessive antiquité de ces peuples que les  
 témoignages qu’ils se  sont rendus à eux-mêmescf-'y 
 Mais quand cette  astronomie  aurait été plus parfaite, que prouverait 
 elle?  A-t-on  calculé  les  progrès  que  devait  faire  une  science  
 dans  le  sein  des  nations  qui  n’en  avaient  en  quelque  sorte  point  
 d’autres,  chez  qui la  sérénité  du  ciel,  les  besoins  de la vie pastorale  
 ou  agricole  et  la  superstition  faisaient  des  astres  l’objet  de  la  contemplation  
 générale;  où  des  collèges  d’hommes  les  plus  respectés  
 étaient chargés  de tenir registre des phénomènes intéressans,  et d’en  
 transmettre  la mémoire;  où  l’hérédité de  la profession  faisait que les  
 enfans  étaient dès  le berceau nourris  dans les connaissances acquises  
 par leurs pères? Que parmi les nombreux individus dont l’astronomie  
 était  la  seule  occupation,  il  se  soit  trouvé  un  ou deux  esprits  géométriques, 
   et  tout  ce  que  ces peuples  ont  su  a pu  se découvrir  en  
 quelques  siècles. 
 Songeons que,  depuis les Chaldéens,  la véritable  astronomie  n’a  
 eu  que  deux  âges,  celui  de  l’école  d’Alexandrie, qui  a duré quatre  
 cents ans,  et  le  nôtre,  qui n’a  pas  été  aussi long.  A  peine  l’âge  des  
 Arabes y a-t—il  ajouté  quelque  chose. Les  autres siècles  ont été nuis  
 pour  elle.  Il  ne  s’est  pas écoulé  trois  cents  ans  entre Copernic  et  
 l’auteur  de  la  mécanique céleste,  et l’on  veut que  les  Indiens  aient  
 eu  besoin  de milliers  d’années  pour  arriver à leurs informes théories  
 (2)? *1 
 ( 0  Voyez  dans  la  Connaissance  des Temps  de  1 8 0 9 ,  page  3 8 a ,  et  dans  l’Histoire  de 
 1 Astronomie  ancienne  de M.  Delambre,  tomeï,  page  3 g i ,  l’extrait  d’un  Mémoire  du  
 P.  Gaubil  sur les observations des Chinois. 
 (2) Le traducteur anglais de ce discours cite,  à ce  sujet, l’exemple du célèbre James Fer