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quarante-un rois et trois cent quarante- trif grands-prêtres, en
trois cent quarante-une générations, pendant onze mille trois cent
quarante ans; et dans cet intervalle, comme pour servir de garant
à leur chronologie, ces prêtres assuraient que le soleil s’était levé
deux foi?où il se couche, sans que rien eût changé dans le climat
ou dans les productions du pays, et sans qu’alors ni auparavant
aucun dieu se fût montré et eût régné en Egypte.
Ace trait qui, malgré toutes Tes explications que l’on a pu en donner,
prouvait une si grossière ignorance en astronomie, ils ajoutaient
sur Sésostris, sur Phéron, sur Hélène, sur Rhampsinite, sur les rois
qui ont fait construire les pyramides, sur un conquérant éthiopien,
nommé Sabacos, des contes tout-à-fait dignes du cadre où ils étaient
enchâssés.
Les prêtres de Thèbes firent mieux; ils montrèrent à Hérodote,
et auparavant ils avaient montré à Hécatée, trois cent quarante-cinq
colosses de bois, représentant trois cent quarante-cinq grands-prêtres
qui s’étaient succédés de père en fils, tous homwies, tous nés l un
de l’autre, mais qui avaient été précédés par des dieux (i).
D’autres Egyptiens lui dirent avoir des registres' exacts, non-
seulement du règne des hommes, mais de celui des dieux. Ils
comptaient dix-sept mille ans depuis Hercule jusqu’à Amasis; et
quinze mille depuis Bacchus. Pan avait encore précédé Hercule (2).
Evidemment ces gens-là prenaient pour historique quelque allégorie
relative à la métaphysique panthéistique, qui faisait, à leur
insu, la base de leur mythologie.
Ce n’est qu’à Séthos que commence, dans Hérodote, une histoire
un peu raisonnable; et, ce qu’il est important de remarquer, cette
histoire commence par un fait concordant avec les annales hébraïil
parle étaient une colonie indienne attirée par le commerce anciennement établi entre
l’Inde et l’Europe, parl’Oxus, la mer Caspienne et le Phasé. Voyez Ritter, Vestibule de
l’histoire ancienne avant Hérodote , chap. i.
(t) Êuterpe, chapitre cxliii.
(a) Ibid., cxuv.
ques, par la destruction de l’armée du roi d’Assyrie, Sennaeherib (1 ) ;
et cet accord continue sous Nécho (2) et sous Hophra ou Apriès,
. Deux siècles après Hérodote (vers deux cent soixante ans avant
Jésus-Christ), Ptolomée Philadelphe, prince d’une race étrangère,
voulut connaître l’histoire du pays que les événemens l’avaient ap*
pelé à gouverner. Un prêtre encore, Manéthon, se chargea de l’écrire
pour lui. Ce ne fut plus dans des registres;, dans des archives
qu’il prétendit l’avoir puisée, mais dans les livres sacrés d’Agathodæ-
mon, fils du second Hermès et père de Tât, lequel l’avait copiée Sur
des colonnes.érigées avant le déluge, par Tôt ou le premier Hermès,
dans la terre sériadique (3); et ce second Hermès, cet Agathodas-
mon, ce Tât, sont des personnages dont qui que ce soit n’avait
parlé auparavant, non plus que de cette terre sériadique ni de ses
colonnes. Ce déluge est lui-même un fait entièrement inconnu aux
Egyptiens des temps antérieurs, et dont Manéthon ne marque rien
dans*ce qui nous reste de ses dynasties.
Le prôduit ressemble à la source : non seulement tout est plein
d’absurdités; mais ce sont des absurdités propres, et impossibles à
concilier avec celles que des prêtres plus anciens avaient racontées à
Solon et à Hérodote.
C’est Vulcain qui commence la série des rois divins; il règne neuf
mille ans; les dieux et les demi-dieux régnent mille neuf cent quatre
vingt-cinq ans. Ni les noms, ni les successions, ni les dates de
Manéthon ne ressemblent à ce qu’on a publié avant et depuis lui; et
il faut qu’il ait été aussi obscur et embrouillé qu’il était peu d’accord
avec les autres; car il est impossible d’accorder entre eux les extraits
qu’en ont donnés Josèphe, Jules Africain et Eusèbe. On ne convient
pas même des sommes d’années de ses rois humains. Selon Jules
Africain, elles vont à cinq mille cent une; selon Eusèbe, à quatre
(r) Euterpe, cxli.
(2) Euterpe, clix, et dans le quatrième livre des-Rois, chapitre 19, ou dans le deuxième
des Parai., chapitre 32.
(3) Syncell., page 4o.