qu’il ne connaissait pas bien encore, mais où il avait ouï dire qu il
était question d’ün César.
M. Testa, cherchant la date du monument dans im autre ordre
d’idées, alla jusqu’à supposer que si la vierge semontre a Esne en te te
du zodiaque, c’est que l’on a voulu y représenter l’ ère dActium,
telle qu’elle avait été établie pour l’Egypte par un décret du sénat,
cité par Dion-Cassius, et qui commençait au mois de septembre,
le jour où avait eu lieu la prise d’Alexandrie par Auguste.
M. deParavey considéra ces zodiaques sous un point de vue nouveau
, qui pourrait embrasser à la fois et la révolution des équinoxes
et celle de la grande année. Supposant que le planisphère circulaire
de Dendera a dù être orienté, et que l’axe du nord au sud est la
ligue des, solstices, il vit le solstice d’été au deuxième.gémeau,,{:elui,
d’hiver à la croupe du sagittaire; la ligne des équinoxes aurait passé
par les poissons et la vierge, ce qui lui donnait pour date le premier
siècle de notre ère.
D’après cette manière de voir, la-division du zodiaque du portique
ne pouvait plus se rapporter auxcolures, et il fallait chercher ailleurs-
là marque du solstice. M. de Paravey ayant remarqué qu’il y a entre
tous, les signes des figures de femmes qui portent une étoile sur
la tête et qui marchent dans le même sens, et observant que Celle
qui vient après les gémeaux est seule tournée en sens contraire des
autres, jugea qu’elle indique la conversion dusolei-1 ou le tropique,
et.que ce zodiaque s’accorde ainsi avec le planisphère.
En appliquant l’idée de l’orientement au petit zodiaque d Esne,
on y trouverait les solstices entre les gémeaux et le taureau, et entre,
le scorpion et le sagittaire ; ils y seraient même, marqués par le
changement-de direction du taureau, et par des beliers ailés placés-
en travers à ces deux endroits. Dans le grand zodiaque de la même
ville., les marques en seraient la position en travers dù taureau et le-
renversement du sagittaire ; il n’y aurait plus alors qu une portion
(i) Voyez la dissertation de l’abbé Dominique Testa : Sopra due zodiaci noyeltamente
scoperte nell’ Egitto. Rome, 1802, page 34»
de constellation d’écoulée entreles dates d’Esné et celles de Dendera,
espace toutefois encore bien long pour des édifices si réssemblans.
Une opération de feu M. Delambre sur le planisphère circulaire
parut confirmer ces conjectures favorables à sa nouveauté; car en
plaçant les étoiles sur la projection d’Hipparqùe; d’après la théorie
de cet astronome et d’après les positions qu’il leur avait données
dans son catalogué, augmentant toutes les longitudes pour que le
solstice passât parle second des gémeaux, il reproduisit presque ce
planisphère; et « cette ressemblance, dit-il, aurait été encore plus grande
« s’il eût adopté les longitudes telles qu’elles sont dans le catalogue
« de Ptolomée, pour l’an ia 3 de notre ère. Au contraire, en re-
« montant de' vingt-cinq ou vingt-six siècles, les ascensions droites et
« les déclinaisons seront changées considérablement., et la projec-
x< tion aura pris une figure toute différente.(i).
« Tous nos calculs, ajoutait ce grand astronome, nous ramènent
« £t%ette conclusion, que les sculptures sont postérieures à l’époque
« d’Alexandre. »
•A la -vérité, le planisphère circulaire ayant été apporté à Paris par
les soins de MM. Saunier et Lelorrain, M. Biot, dans un ouvrage (2)
fondé sur des mesures précises et des calculs pleins de sagacité, a
établi qu’il représente, d’après une projection géométrique exacte,
l’état du ciel tel qu’il avait lieu sept cents ans avant Jésus-Christ;
mais il s’est bien gardé d’en conclure qu’il ait été sculpté dans' ce
temps-là.
En effet, tous ces efforts d’esprit et de science, en tant qu’ils concernent
l’époque des monumens, sont devenus superflus depuis que
finissant par où naturellement!’on aurait commencé, si la prévention
n’avait pas aveuglé les premiers observateurs; on s’est donné la
peine de copier et de restituer les inscriptions grecques gravées sur 1 2
(1) Delambre. Note à la suite du rapport sur le Mémoire de M. deParavey. Ce rapport est
imprimé dans les nouvelles Annales des Voyages, tomç Vin.
(2) "Voyez l’ouvrage de M. Biot, intitulé Recherches sur plusieurs points de l ’astronomie
-égyptienne appliquées aux monumens astronomiques trouvés en Egypte, Paris, i 8â3 .,
-in-octavo.