APPENDICE
AU
DISCOURS SUR LES RÉVOLUTIONS
DE LA SU R F A C E D U G LO B E .
DETERMINATION DES OISEAUX NOMMES IBIS PAR LES ANCIENS EGYPTIENS.
T out le monde a entendu parler de l’ibis, de cet oiseau à qui les
anciens Egyptiens rendaient un culte religieux, qu’ils élevaient dans
l’enceinte de leurs temples , qu’ils laissaient errer librement dans leurs
villes, dont le meurtrier, même involontaire, était puni de mort ( i) ,
qu’ils embaumaient avec autant de soin que leurs propres parens;
de cet oiseau auquel ils attribuaient une pureté virginale, un attachement
inviolable à l e u r pays dont il était l’emblème, attachement
tel qu’il se laissait mourir de faim quand on voulait le transporter
ailleurs; de cet oiseau qui avait assez d’instinct pour connaître le
cours et le décours de la lune, et pour régler en conséquence la
quantité de sa nourriture journalière et le développement de ses
petits; qui arrêtait aux frontières de l’Egypte les serpens qui auraient
porté la destruction dans cette terre sacrée (2), et qui leur inspirait
tant de frayeur, qu’ils en redoutaient jusqu’aux plumes (3); de cet
oiseau enfin dont les dieux auraient pris la figure s’ils eussent été
forcés d’en adopter une mortelle, et dans lequel Mercure s’était 1
(1) Hërod. , 1 . 2 .
(2) Ælian, lib..2., cap. xxxv et xxxviii.
(3) Ibid, j lib. 1, cap. xxxvm.