166
11 s’y joignait encore, mais à ce qu’il paraît en un très-petit nombre
de lieux, un grand pachyderme dont on ne connaît que la mâchoire
inférieure, et dont les dents étaient en doubles croissans et ondulées.
M. Fischer, qui l’a découvert parmi des os de Sibérie, l’a nommé
Elasmotherium (i).
Le genre du cheval existait aussi dès ce temps-là (2). Ses dents
accompagnent par milliers celles que nous venons de nommer dans
presque tous leurs dépôts; mais il n’est pas possible de dire si c’était
ou non une des espèces aujourd’hui existantes, parce que les squelettes
de ces espèces se ressemblent tellement, qu’on ne peut les
distinguer d’après des fragmens isolés.
Les ruminans étaient infiniment plus nombreux qu’à l’époque des
palæotheriums ; leur proportion numérique devait même assez peu
différer de ce qu’elle est aujourd’hui; mais on s’est asssuré pour plusieurs
espèces qu’elles étaient différentes.
G’est ce que l’on peut dire surtout avec beaucoup de certitude
d’un cerf de taille supérieure, même à l’élan, qui est commun dans
les marnières et les tourbières de l’Irlande et de l’Angleterre, et dont
on a aussi déterré des restes en France, en Allemagne et en Italie
dans les mêmes lits qui recèlent des os d’éléphant : ses bois, élargis
et branchus, ont jusqu’à douze et quatorze pieds d’une pointe à
l’autre en suivant les courbures (3).
La distinction n’est pas aussi claire pour les os de cerfs et de boeufs
que l’on a recueillis dans certaines cavernes et dans les fentes de
certains rochers; ils y sont quelquefois, et surtout dans les cavernes
de l’Angleterre,accompagnés d’os d’éléphant, de rhinocéros, d’hippopotame,
et de ceux d’une hyène qui se rencontre aussi dans plusieurs
couches meubles avec ces mêmes pachydermes ; par conséquent
ils sont du même' âge ; mais il n’en reste pas moins difficile de dire
en quoi ils diffèrent des boeufs et des cerfs d’aujourd’hui.
(0 Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome u, deuxième partie, page 95.
(2) Ibid., page 109.
(3) Ibid., tome iv, page 70.
Les fentes des rochers de Gibraltar, de Cette, de Nice, d’Uliveto
près de Pise, et d’autres lieux des bords de la Méditerranée, sont
remplies d’un ciment rouge et dur qui enveloppe des fragmens de
rocher et des coquilles d’eau douce avec beaucoup d’os de quadrupèdes,
la plupart fracturés : c’est ce que l ’on a nommé des brèches
osseuses. Les os qui les remplissent offrent quelquefois des caractères
suffisans pour prouver qu’ils viennent d’animaux inconnus au
moins en Europe. On y trouve, par exemple, quatre espèces de
cerfs , dont trois ont à leurs dents des caractères qui ne s’observent
que dans les cerfs de l’Archipel des Indes.
Il y en a près de Vérone une cinquième dont les bois surpassent
en volume ceux des cerfs du Canada (1).
On trouve aussi dans certains lieux, avec des os de rhinocéros et
d’autres quadrupèdes de cette époque, ceux d’un cerf tellement
semblable au renne, qu’il serait très-difficile de lui assigner des caractères
distinctifs; ce qui est d’autant plus extraordinaire, que les
rennes sont aujourd’hui confinés dans les climats les plus glacés du
Nord, tandis que tout le genre des rhinocéros appartient à la zone
torride (2).
Il existe dans les couches dont nous parlons des restes d’une espèce
fort semblable au daim, mais d’un tiers plus grande (3), et des
quantités innombrables de bois très-ressemblans à ceux des cerfs
d’aujourd’hui (4), ainsi que des os très-analogues à ceux de l’aurochs
(5) et à ceux du boeuf domestique (6)', deux espèces fort distinctes
que les naturalistes qui nous ont précédés avaient mal à
propos confondues. Cependant les têtes entières , semblables à celles
de ces deux animaux, ainsi qu’à celle du boeuf musqué du Canadajj),
(1) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome iv, pages i68à 225.
(2) Ib id, page 89.
(3) Ibid. , page 94. ^
(4) Ibid. , page 98.
(5) Ibid., page i4o; et tome v , deuxième partie, page 509.
(6) Ibid. , page i 5o ; ibid. , page 5io.
(7) Ibid. , tome iv, page i55.