l’on ne connaît que par quelques portions de son crâne, qui ne suffisent
pas pour en donner une idée complète (i).
Un autre genre de reptiles bien remarquable et dont les dépouilles,
déjà existantes lors de la concrétion du lias, abondent surtout dans
l’oolithe et dans les sables supérieurs, c’est le megalosaurus, ainsi
nommé à juste titre; car, avec les formes des lézards, et particulièrement
des monitors, dont il a aussi les dents tranchantes et dentelées,
il était d’une taille si énorme qu’en lui supposant les proportions des
monitors, il devait passer soixante-dix pieds de longueur : c’était un
lézard grand comme une baleine (2). M. Bukland l’a découvert en
Angleterre ; mais nous en avons aussi en France, et il s’en est trouvé
en Allemagne des os, sinon de la même espèce, du moins d’une espèce
qu’on ne peut rapporter à un autre genre. C’est à M. de Soem-
merring qu’on en doit la première description. Il les a découverts
dans les couches supérieures à l’oolithe, dans ces schistes calcaires de
Franconie, depuis long-temps célèbres par les nombreux fossiles
qu’ils fournissaient aux cabinets des curieux, et qui vont le devenir
bien davantage par les services que rend aux arts et aux sciences
leur emploi dans la lithographie.
Les crocodiles continuent à se montrer dans ces schistes, et toujours
des crocodiles à long museau. M. de Scemmerring en a décrit
un (le C. Priscus), dont le squelette entier d’un petit individu est
conservé presque comme il pourrait l’être dans nos cabinets (3).
C’est un de ceux qui ressemblent le plus au gavial actuel du Gange;
néanmoins la partie symphysée de sa mâchoire inférieure est moins
longue ; ses dents inférieures sont alternativement et régulièrement
plus longues et plus courtes; il a dix vertèbres de plus à la queue.
Mais des animaux beaucoup plus remarquables que recèlent ces
mêmes schistes, ce sont les lézards volans que j’ai nommés ptérodactyles.
1
(1) Nous attendons une plus ample connaissance des Recherches de M. Conybeare.
(2) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome x, deuxième partie , page 343.
(3) Ibid. ! page 120.
Ce sont des reptiles' à queue très-courte, à cou très-long,^ à
museau fort allongé et armé de dents aiguës, portés sur de
hautes jambes, et dont l’extrémité antérieure a un doigt excessivement
allongé, qui portait vraisemblablement une membrane
propre à les soutenir en l’air, accompagné de quatre autres doigts
de dimension- ordinaire terminés par des ongles crochus. L’un
de ces animaux étranges, et dont l’aspect serait effrayant si on
les voyait aujourd’hui, pouvait être de la taille d’une grive (i);
l’autre, de celle d’une chauve-souris commune (2); mais il paraît ,
par quelques fragmens, qu’il en existait des espèces plus grandes (3).
Un peu au-dessus dés schistes calcaires est le calcaire presquehomo-
gène des crêtes du Jura. Il contient aussi des osj mais toujours de
r.eptil es; des crocodiles et des tortues d’eau douce, dont il offre surtout
une grande abondance aux environs de Soleure. Ils y ont été
recherchés avec beaucoup de soin par M. Hugi; et, d’après les fragmens
qu’il a déjà recueillis, il est aisé de reconnaître un nombre
considérable d’ espèces de tortues d ’eau douce ou émydes, que
des découvertes ultérieures pourront seules faire déterminer, mais
dont plusieurs se distinguent déjà par leur grandeur et parleurs
formés., de toutes les émydes connues (4).
C’est parmi ces innombrables quadrupèdes ovipares, de toutes les
tailles et de toutes les formes; au milieu de ces crocodiles, de ces
tortues, deces' reptiles volans, de ces immenses mégalosaurus, de
ces monstrueux plésiosaurus, que se seraient montrés, dit-on, pour
la première fois, quelques petits mammifères; il est certain que des
mâchoires et quelques autres os découverts en Angleterre appartiennent
à cette classe, et spécialement à la famille des didelphes
ou à celle des insectivores.
On pourrait soupçonner cependant que les pierres qui les incrus-
(0 Voyez mes Recherches. sur les ossemens fossiles', tome v , deuxième partie, pages 358
et suivantes.
(2) Ibid. , pag. 376.
(3) Ibid. , page 38o.
(4) Ibid. , page 225.