L’aetion des volcans est plus bornée, plus locale encore que
toutes celles dont nous venons de parler. Quoique nous n’ayons aucune
idée nette des moyens par lesquels la nature entretient à de si
grandes profondeurs ces violens foyers, nous jugeons clairement
par leurs effets des-cbangemens qu’ils peuvent avoir produits à la
surface du globe. Lorsqu’un volcan se déclare, après quelques secousses,
quelques tremblemens de terre, il se fait une ouverture.
Des pierres, des.cendres sont lancées au loin; des laves.sont vomies ;
leur partie la plus fluide-s’écoule en longues traînées; cèlld'qui l’est
moins s’arrête aux bords de l’ouverture', en élève le contour-, y
forme un cône terminé par un cratère. Ainsi les volcans accumulent
sur la surface, après les avoir modifiées, des matières auparavant
ensevelies dans la profondeur;, ils forment des montagnes; ils én ont
couvert autrefois quelques parties de nos continens; ils ont fait naître
subitement des îles au milieu des mers; mais c’était toujours de laves
que ces montagnes, çes îles étaient composées;.tous leurs matériaux
avaient subi l’action du feu : ils sont disposés comme doivent l’être
des matières qui ont coulé d’un point élevé. Les^trolcâns n’élèvent
donc ni ne culbutent les couches que traverse leur soupirail : et si
quelques causes agissant de ces profondeurs ont contribué dans certains
cas à soulever de grandes montagnes', ce ne sont pas dés âgens
volcaniques tels qu’il en existe de nos jours.
Ainsi, nous le répétons, c’est,en vain que- l’on cherche, dans lés
forces qui agissent maintenant à la,surface de’ la terre, des causes
suffisantes pour produire les révolutions et les catastrophes dont son
enveloppe nous montre les traces; et, si l’crn veut recourir aux forces
extérieures constantes connues jusqu’à présent, l’on n’y trouve pas
plus de ressources.
soutient que le niveau de cés mers-s’est élevé continuellement et très-sensiblement depuis
trois siècles. Fortis dit là même chose de quelques lieux de la Mer Adriatique ; mais l’exemple
du temple de Sérapis, près de Pouzzoles, prouve que les bords de cette mer sont en plusieurs
endroits dé naturé à pouvoir s’élever et s’abaisser localement. On a en revanche des milliers
de quais, de chemins , et d’autres constructions faites le long de la mer par les Romains , depuis
Alexandrie jusqu’en Belgique, et dont le niveau relatif n’a pas varié.
Le pôle de l’a terre sé meut dans un cercle autour du pôle de l’écliptique;
son axe s’incline plus ou moins sur le plan de cette même
écliptique ; mais ces deux mouvemens , dont les causes sont aujourd’hui
appréciées, s’exécutent dans les directions des limites connues,
et qui n’ont nulle proportion avec des effets tels que ceux dont nous
venons de constater la grandeur. Dans tous "les cas, leur lenteur
excessive empêcherait qu’ils ne pussent expliquer des catastrophes
que nous venons de prouver avoir été subites.
Ce clerbier raisonnement s’applique à tontes les'actions lentes que
l’on à imaginées,.sans doute- dans l’espoir que l’on ne pourrait en
nier l’existence, parce qu’il serait'toujours facile de soutenir que leur
lenteur même les rend imperceptibles. "Vraies ou non, peu importe;
elles n’expliquent rien,. puisque aucune cause lente ne peut avoir
produit des effets subits. Y eût-il donc une diminution graduelle des
eaux , la mer transportât-elle dans tousJes sens des matières solides,
la température du globe diminuât ou augmentât-elle, ce n’est rien
de tout cela qui a renversé nos couches, qui a revêtu de glace de
grands quadrupèdes avec leur chair et leur peau, qui a mis à sec
des coquillages aujourd’hui encore aussi bien conservés que si on les
eût pêchés vivans, qui a détruit enfkrdes espèces et des genres entiers.
Ges argumens ont frappé le plus grand nombre des naturalistes;
et, parmi ceux qui ont cherché à expliquer l’état actuel du globe, il
n’en est presque aucun qui l’ait attribué en entier à des causes lentes,
encore moins àrdes causés agissant sous nos yeux: Cette nécessité où
ils se sont vus de chercher des causes différentes de celles que nous
voyons agir aujourd’hui, est même ce qui leur a fait imaginer tant de
suppositions extraordinaires, et les a fait errer et se perdre en tant de
sens contraires, que le nom même de leur science, ainsi que je l’ai
dit ailleurs, a été long-temps un sujet de moquerie pour quelques
personnes prévenues qui ne voyaient que les systèmes quelle a fait
éclore, et qui oubliaient la longue et importante série des. faits certains
quelle a fait connaître (x).
Causes astronomiques
constantes.
(i) Lorsque j’ai dit cela, j’ai énoncé un fait dont on est chaque jour témoin ; mais je n’ai