Dunes.
former le grand fleuve inférieur, est obligé de traverser un lac vaste
et profond, où leur limon se dépose, et d’où elles ressortent limpides..
Mais les fleuves inférieurs, et tous les ruisseaux qui naissent
des montagnes plus basses, ou des collines, produisent aussi, dans
les terrains qu’ils parcourent, des effets plus ou moins analogues à
ceux des torrens des hautes montagnes. Lorsqu’ils sont gonflés par
de grandes pluies, ils attaquent le pied des collines terreuses ou
sableuses qu’ils rencontrent dans leur cours, et en portent les débris
sur les terrains bas qu’ils inondent, et que chaque inondation élève
d’une quantité quelconque : enfin, lorsque les fleuves arrivent aux
grands lacs où à la me r, et que cette rapidité qui entraînait
les parcelles de limon vient à cesser tout-à-fait ,. ces parcelles
se déposent aux côtes de l’embouchure ; elles finissent par y
former des terrains-qui prolongent la côte?« et, si cette côte est
telle que la mer y jette de son+côté du sable, et contribue à cet
accroissement, il se crée ainsi des provinces, des royaumes entiers;
ordinairement les plus fertiles;-et bientôt lés plus riches du monde,
si les gouvernemens laissent l’industrie s’y exercer en paix-.
Les effets que la mer produit sans le concours-dés fleuves sont
beaucoup moins heureux. Lorsque la côte est basse et le fond
sablonneux, les vagues poussent ce sable vers le bord; à chaque
reflux il s’en dessèche un peu, et le vent qui souffle presque toujours
de la mer en jette sur la plage-. Ainsi se forment les dunes, ces
monticules sablonneux qui , si l ’industrie de l’homme ne parvient
à les fixer par des végétaux convenables, marchent lentement,
mais invariablement N vers l’intérieur des -terres, et y couvrent
les champs et les habitations, parce que le.même vent qui élève
le sable du rivage sur la dune jette celui du sommet de lardune
à son revers opposé à la mer : que si la nature du sable
et celle de l’eau qui s^élève avec lui sont telles qu il puisse
s’en former un ciment durable, les coquilles, les os jetés sur le
rivage en seront incrustés;les bois., les troncs d’arbres, les plantes
qui croissent près de la mer seront saisis dans ces agrégats; et ainsi
naîtront ce qua l’on pourra appeler des dunes durcies,"comme on
en voit sur les .côtes de la'tNouvelle-Hollande. On peut en prendre
une idée nette dans la description qu’en a laissée feu Péron (i).;!;:n
Quand, au contraire, la côte est élevée, la mer, qui n’y peut rien
rejeter, y exerce une action destructive : ses vagues en rongent le
pied et en escji'pent toute la hanteur en falaise, parce’ que les parties
plus hautes se trouvant sans appui tombent sans cesse dans
l ’eau : elles, y sont agitées dans les flots jusqu’à ce que les parcelles
les plus molles et les plus déliées disparaissent. Les portions plus
dures, à force d’être roulées en sens.contraire par les vagues, forment
ces galets arrondis,‘ ou cette grève qui finit par s’accumuler assez
pour servir de rempart au pied de la falaise.
Telle.est l’action des eaux sur la terre ferme; et l’on voit qu’elle,
ne consiste presque qu’en nivellemens, et en nivellemens qui ne*sont
pas indéfinis. Les débris des grandes-.crêtes charriés dans les vallons;
leurs particules, celles des collines et des plaines, portées jusqu’à la
mer; des alluvions étendant les côtes aux dépens des hauteurs, sont
des effets bornés auxquels la végétation met en général un terme,
qui supposent d’ailleurs la- préexistence des montagnes, celle dès
vallées, celle des plaines, en un mot , toutes les inégalités du globe,
et qui ne peuvent par conséquent avoir donné naissance à ces inégalités.
Les dunes sont un phénomène plus- limité encore, et pour la
hauteur et pour l’étendue horizontale; elles n’ont point de rapport
avec ces .énormes masses dont la géologie cherche l’origine.
Quant à l’action que les eaux exercent dans leur propre sein,
quoiqu’on ne puisse la connaître aussi bien, il est possible cependant
d’en déterminer’jusqu’à un certain point les limites.
Les lacs,des étangs, les marais, les ports de mer où il tombe des
ruisseaux, surtout quand ceux-ci descendent des coteaux voisins et
escarpés, déposent sur leur fond des amas de limon qui finiraient
(1) Dans son voyage.aux Terres Australes, t. i , p. .161.
Falaises.
Dépôts sous
les eaux.