i3 a DISCOURS SUR LES RÉVOLUTIONS
ces monumeus, et surtout depuis que M. Champollion est parvenu à
déchiffrer celles qui sont expriméesen hiéroglyphes.
Il est certain maintenant, et les inscriptions grecques s’accordent
pour le prouver avec les inscriptions hiéroglyphiques, il est certain,
disons-nous, que les temples dans lesquels on a sculpté des zodiaques
ont été construits sous la domination des Romains. Le portique du
temple de Dendera, d’après l’inscription grecque de son frontispice,
est consacré au salut de Tibère (i). Sur le planisphère du même temple
on lit le titre à’yiutocra tor en caractères hiéroglyphiques (2) ; et
il est probable qu’il se rapporte à Néron. Le petit temple d’Esné,
celui dont on plaçait l’origine au plus tard entre deux mille sept
cents ou trois mille ans avant Jésus-Christ, a une colonne sculptée
et peinte la dixième année d’Antonin, cent quarante-sept ans après
Jésus-Christ, et elle est peinte et sculptée dans le même style que
le zodiaque qui est auprès (3).
Il y a plus; on a la preuve que cette division du zodiaque dans tel
ou tel signe n’a aucun rapport à la précession des équinoxes , ni au
déplacement du solstice. Un cercueil de momie, rapporté nouvellement
de Thèbes par M. Caillaud, et contenant, d’après l’inscription
grecque très-lisible, le corps d’un jeune homme mortla dix-neuvième
année de Trajan, cent seize ans après Jésus-Christ (4) , offre un
zodiaque divisé au même point que ceux de Dendera (5); et toutes
les apparences sont yj’ue cette division marque, quelque thème astrologique,
relatif à cet individu, conclusion qui doit probablement
s’appliquer aussi à la division des zodiaques des temples; elle marque
(ï) Letroüne. Recherches pour servir à l’hisloire de l’Égypte pendant la domination des
Grecs et des Romains, page 180,
X?) Idem, -page 38.
(3) Idem 456 et 45^ •
(4) Letronne. Observations critiques et archéologiques sur l’objet des représentations zodiacales
qui nous restent de l’antiquité , à l’occasion d’un zodiaque égyptien peint dans une
caisse de momie qui porte une inscription grecque du'tempsdeTrajan. Paris, i 8iz4> in"8°- ?
page 3o.
(5) ' Idem, pages 48 et 49-
DE LA SURFACE DU GLOBE* ï 33
ou le thème astrologique du moment de leur érection, ou celui du
prince pour le salut duquel ils avaient été votés, ou tel autre instant
semblable relativement auquel la position du soleil aura paru
importante à noter.
Ainsi se sont évanouies pour toujours les conclusions que l’on
avait voulu tirer de quelques monumeus mal expliqués-, contre la
nouveauté des continens et des nations, et nous aurions pu nous
dispenser d’en traiter avec tant de détail si elles n’étaient pas si récentes
et n?avaient pas fait assez d’impression pour conserver encore
leur influence sur les opinions de quelques personnes.
Mais il y a des écrivains qui ont prétendu que le zodiaque porte
en lui-même la date de son invention, par la raison que les noms
elles figures donnés à sesrconstellalions sontun indice de la position
des colures quand on l’inventa; et cette date, selon plusieurs, est
tellement évidente et tellement reculée, qu’il est assez indifférent
que les représentations que l’on possède de ce cercle soient plus ou
moins anciennes.
Us ne font pas attention que ce genre d’argumens se complique
de trois suppositions également incertaines. : le pays où l’on admet
que le zodiaque a été inventé, lé sens que l’on croit avoir été donné
aux constellations qui l’occupent, et-la position dans laquelle étaient
les colures par rapport à chaque constellation, quand-ce sens lui a
été attribué. Selon qu’on a imaginé d’autres allégories, ou que l’on
admet que ces allégories se rapportaient à la constellation dont le
soleil occupait les premiers degrés, ou h celle dont il occupait le
milieu, ou à celle où il commençait d’entrer, c’est-à-dire dont il
occupait les derniers degrés,'ou bien enfin à celle qui lui était opposée
et qui se levait le soir; ou selon que l’on place l’invention de
ces allégories dans un autre climat, il faut aussi changer la date du
zodiaque. Les variations possibles à cet égard peuvent embrasser
jusqu’à la moitié de la révolution des fixes, c’est-à-dire treize mille
ans, et même davantage.
Ainsi Pluche, généralisant quelques indications des anciens, a
Le zodiaque
est loin de porter
en lui-même
une date certaine
et excessivement
reçu-'
lée: