veau-Monde (i). On y a recueilli aussi des squelettes de deux
petits rongeurs du genre des loirs (2) et une tête du genre des écureuils
(3). ■ >
Nos plâtrières sont plus fécondes en os d’oiseaux qu aucun des
autres bancs antérieurs et postérieurs : on y en trouve des squelettes
entiers et des parties d’au moins dix espèces de tous les ordres (4)-
Les crocodiles de l’âge dont nous parlons se rapprochent de
nos crocodiles vulgaires parla forme de la tête, tandis que dans les
bancs de l’âge du Jura on ne voit que des espèces voisines du gavial,
11 y en avait à Argenton une espèce remarquable par des dents
comprimées, tranchantes, et à tranchant dentelé comme celles de
certains monitors(5). On en voit aussi quelques restes dans nos plâtrières
(6).
Les tortues de cet âge sont toutes d’eau douce; les unes appartiennent
au sous-genre des émydes; et il y en a, soit a Montmartre
(7), soit surtout dans les molasses de la Dordogne (8), de plus
grandes que toutes celles que l’on connaît vivantes; les autres sont
des trionyx ou tortues molles (9), Ce genre que l’on distingue aisé-
ment à la surface vermiculée des os de sa carapace, et qui n existe
aujourd’hui que dans les rivières des pays chauds, telles que le .Nil,
le Gange, l’Orénoque, était très-abondant sur les terrains qu’habitaient
les palæotheriums. Il y en a une infinité de débris à Montmartre
(10), et dans les molasses de la Dordogne et autres dépôts
de graviers du midi de la F rance.
(1) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome lu, page 284-
(2) Ibid., pages 297 et 3oo.
(3) Ib id ., tome v , deuxième partie, page 5o6.
(4) Ibid., tome ni, pages 3o4 et suivantes.
(5) Ibid ., tome v , deuxième partie, page 166.
(6) Ibid., tome iil , page 335, tome v , deuxième partie, page 166.
(7) Ibid., tome ni, page 333.
(8) Ibid., tome v , deuxième partie , page 23a.
(9) Ibid., tome m, page 329 ; tome v , deuxième partie, page 122.
(10) Ibid., tome v, deuxième partie, pages 223 et 227.
Les lacs d’eau douce autour desquels vivaient ces divers animaux,
et qui recevaient leurs ossemens, nourrissaient, outre les
tortues et les crocodiles, quelques poissons et quelques coquillages.
Tous ceux que l’on a recueillis sont aussi étrangers a notre
climat et même aussi inconnus dans les eaux actuelles que les palæotheriums
et les autres quadrupèdes leurs contemporains (i).
Les poissons appartiennent même en partie à des genres inconnus.
Ainsi l’on ne peut douter que cette population, que l’on pourrait
appeler d’âge moyen,- cette première grande production de mammifères,
n’ait été entièrement détruite; et en effet, partout où l’on
en découvre les débris, il y a au-dessus de grands dépôts de formation
marine, en sorte que la mer a envahi les pays qùe ces races
habitaient, et s’est reposée sur eux pendant un temps assez long.
Les pays inondés par elle à cette époque étaient-ils considérables
en étendue ? c’est ce que l’étude de ces anciens bancs formés dans leurs
laes ne permet pas encore de décider.
J’y rapporte nos plâtrières et celles d’Aix, plusieurs carrières de
pierres marneuses et les molasses, du moins celles du midi de la
France. Je crois pouvoir y rapporter aussi les portions des molasses
de Suisse, et des lignites de Ligurie et d’Alsace, où l’on trouve des
quadrupèdes des familles que je viens de faire connaître; mais je
ne vois pas qu’aucun de ces animaux se soit encore retrouvé en
d’autres pays. Les os fossiles de l’Allemagne, de l’Angleterre eide
l’ Italie, sont tous ou plus anciens ou plus nouveaux que ceux dont
nous venons de parler, et appartiennent ou à ces antiques races de
reptiles des terrains jurassiques et des schistes cuivreux, ou aux dépôts
de la dernière inondation universelle, aux terrains diluviaux.
Il est donc permisde croire, jusqu’à ce que l’on ait la preuve du
contraire, qu’à l’époque où vivaient ces nombreux pachydermes le
globe ne leur offrait pour habitations qu’un petit nombre de plaines
assez fécondes pour qu’ils s’y multipliassent, et que peut-être ces
plaines étaient des régions insulaires, séparées par d’assez grands 1
(1) Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome ni, page 338.