Si i
— 92
Une excursion de Zernez au val Cluoza nous fait passer d’abord les
collines sèches, près de l’église, avec leur flore xérophytique (*). Puis nous
traversons des prairies luxuriantes (**), entourées de haies fleuries de Rosa
petidulina et Clcmatis alpina et nous montons à l’ombre d’une belle forêt
d’épicéas, de mélèzes et de pins engadinois, passant sur un tapis û’Erica
carnea et de Heliantliemiim alpestre. En arrivant à la ligne de faîte nous
voyons devant nous se développer un beau panorama complet du Val Cluoza
(voir Planche XXXIIl) ; au fond se dressent les cimes neigeuses du Pizzo dell’
Acqua et del Diavel. Un sentier de chasseur étroit, rapide et pierreux, nous
mène le long de la pente gauche jusqu’au ta lweg (Planche XXXIV), en pas sant
par des éboulis sauvages garnis de pins de montagne, de bouleaux et
de mélèzes et semés d’une riche flore (***). Nous remontons le cours du
ruisseau à travers une forêt vierge (Planche XXXV et XXXVl) de pins
de montagne érigés, de bouleaux, de mélèzes et de sorbiers des oiseaux, à
l’ombre desquels croissent Rananculas Thoraei Corallorhiza irifida.
Près de l’embouchure de la vallée latérale du Valetta se cache une
petite hutte primitive de chasseur; c’était le seul abri dans toute la vallée.
En septembre 1910, la commission a fait construire une hutte confortable
avec des couchettes pour une vingtaine de personnes ; elle sert en même temps
d’abri pour le gardien qui y a été installé. Cette hutte se trouve sur le côté
droit de la vallée, près du ruisseau, à peu près au milieu de la vallée entière.
On monte de là par l’Alpe de Mur tèra à la crête qui sépare le val Cluoza
de la vallée du Spôl ; les pelouses et les éboulis de cette partie de la vallée
sont garnis d’une riche flore (*). De la crête on jouit d’une belle vue sur les
vallées latérales du Val Cluoza (Planche XXXVII).
(*) Phleum Boehmeri, Festuca vallesiaca, Koeleria gracilis, Sempervivum tomentosum,
Berberís vulgaris, Allium senescens.
(**) Avec Avena pratensis, Onobrychis montana, Plantago serpentina, Polemonium coeru-
leum. Erysimum helveticum.
('**) Saponaria ocymoi'des, Dryas octopetala, Helianthemum alpestre, Sesleria coeruíea,
Linaria alpina, Leontodón hispidas var. pseudrocrispus (luxuriante !), Sempervivum tectorum,
Arctostaphylos uva ursi et alpina, Senecio Doronicum, Gentiana purpurea, Astragalus alpinas,
Oxytropis montana, Cotoneaster integerrima, Salix Waldsteiniana, S. arbúsculo, S. bastata,
Hedysarum obscurum, Gypsophila repens, Phododendron hirsutum, ferrugineum et intermedium
Sorbas chamaemespilus. Lonicera coerulea, L. nigra.
(****) Panunculus Thora, Festuca pumita, Carex sempervirens, Leoniodon pseudocrispus,
Petasites niveas, Viola calcarata, Senecio Doronicum, Papaver aurantiacum. Saxífraga aphylla,
Draba Hoppeana et carinthiaca, Arabis pumita, Cerastium latifolium, Hutchinsia alpina, Panunculus
parnassifolius.
- 93
V
La commune de Zernez s’est montrée, dès le commencement, très favorable
à notre projet. En octobre 1909, le contrat de location du Val Cluoza
était signé; depuis (octobre 1910) on lui a ajouté le Val Tantermozza.
Le contrat stipule que le Val Cluoza est cédé par la commune à la
commission suisse comme parc national pour 25 ans ; après ce laps de temps,
le bail doit être renouvelé. La commission peut seule disposer du territoire ;
elle a le droit de construire des chemins, des buttes, des haies, et d’installer
un ou plusieurs gardiens. Le Qouvernement des Grisons a interdit la chasse,
la pâture et la coupe du bois. Les dommages causés par les ours seront payés
par la commission, qui se chargera, si cela devenait nécessaire, de les faire
disparaître. La commune exerce, par sa police, la surveillance surtout contre
le braconnage. Elle désire que la commission construise un meilleur chemin
qui rendra la vallée plus abordable. L’indemnité annuelle est de 1,400 fr.
Comme déjà mentionné, l’extension beaucoup plus vaste, sur un t e r r i toire
d’environ 200 kmg est déjà garantie par les communes (voir la car te) ;
on espère pouvoir la réaliser bientôt par une subvention de la Confédération.
VI
Tel est l’état des choses concernant l’établissement d’un grand parc
national dans la Basse-Engadine. Une partie de cette région est définitivement
acquise comme réserve totale, d ’autres réserves sont projetées et l ’on
s’occupe des moyens de communications et de logement.
Bien que les efforts principaux du « Naturschutz » suisse aient été dirigés
vers ce coin privilégié, on n’a pas manqué de profiter de l’occasion pour
acquérir d’autres réserves plus petites. On a acheté, près d’Ilanz, dans l’Ober-
land des Grisons, une parcelle de forêt d’épicéas, remarquable par le développement
exubérant, presque tropical de la Clématite (Planche XLIV). Dans
le Jura vaudois, près de Sainte-Croix, on a loué un intéressant Haut-marais ,
la tourbière de la Vraconnaz, pour la garantir de la destruction qui la
menaçait. On étudie le proje t d’une réserve dans le massif des Diablerets, sur
les frontières des cantons de Vaud et du Valais.