voyages entrepris en partie à mes frais, pour lesquels j’avais reçu quelques
petits subsides de différentes institutions scientifiques. Mes deux derniers
voyages ont été entrepris aux frais de l’Adminis tration d’Émigration qui
m’avait chargé de la mission de surveiller toutes les expéditions botaniques en
Sibérie et en Asie centrale.
De 1897 à 1908, je fus chargé de missions en Asie centrale ; ces expéditions
me donnèrent l’occasion de recueillir un matériel extraordinairement
riche, qui constitue actuellement une partie importante de l’Herbier du T u r kestan
(Herbarium tu rkestanicum) appar tenant au Jardin botanique impérial
de St-Péte rsbourg. Cet herbier fut fondé en 1870 par les riches collections
apportées du Turkestan par Olga Fedtschenko, ma mère, et enrichi
ensuite par les immenses collections de feu le O'- Albert Regel, et d’autres
collecteurs .
Ma première mission en 1897 avait comme but spécial: l’étude des
alaciers accidentaux du Tian-chan, ine-xplorés jusqu’à cette date. Les résul-
tats botaniques, publiés en deux volumes in-8° et en quelques brochures, pe r mirent
d’expliquer les conditions de la vie végétale de ces régions les moins
connues de l’Asie centrale. En 1902, j ’eus l’occasion de consta te r un fait plus
intéressant encore. En reprenant mes études sur le Tian-chan occidental,
j’eus la chance de pouvoir consta te r le mouvement d’extension des glaciers,
c’est-à-dire une augmentation du degré d’humidité du climat. De mes découvertes
botaniques, il suffit de citer : une nouvelle variété de Sapin blanc
(Abies), genre qui jusqu’à ce moment, était inconnu dans la flore du T u r kestan,
puis une Borraginée à feuilles opposées {Trigonotis Olgae, n. sp.), une
ombellifère géante (Seselis giganteum), auxquelles s’ajoutent de nombreuses
autres espèces nouvelles.
En 1901, avec ma mère, Mn-e Olga Fedtschenko, je fus chargé d’explorer,
au point de vue botanique, les montagnes d’Alai, du «Toit du Monde-Pamir»,
ainsi que du presque inaccessible pays du Chougnan. En 1904, j’eus l’occasion
de faire un second voyage au Pamir et au Chougnan, dont les résultats
furent publiés dans les « Acta Horti Petropolitani », et montrent les nombreuses
découvertes qu’il m’a été possible défa i re aux frontières des Indes!
Ci-câce à ces voyages, le Ramier possède maintenant sa «Flore du Pamir»,
avec quatre suppléments et un tableau analytique dressés par ma mère ; mes
collections du Chougnan, en cours de publication, renferment des espèces
remarquables et nouvelles dont il suffit de citer ici le remarquable Férula
géant {Ferula gigantea, n. sp.). Pour m o n v o y a g e de 1908, j’étais investi des
fonctions d’inspecteur, je devais surveiller les expéditions de l’Administration
Émigration; cela me donna l’occasion d’étudier la flore des steppes
du Turkestan et des chaînes du Tian-Chan, Alatan de Dschungarie et du
Tarbagatai, ainsi que les contreforts de l’Altai. Il convient à ce propos de
signaler certains de mes élèves, et des personnes habitant le Turkestan, qui
m’ont communiqué les résultats importants de leurs recherches. Ce sont:
M. Roshevitz, qui a exploré le Bountaric en 1906,
M. Sokalsai, Semiretschji.
Mme Dionogorsai, Semiretschji.
MM. Fedotov et Colbeen, Someraaud.
M. Abramon, Tian-chan.
M. Borodin, Tian-chan.
Mme la Princesse Meschtscherky, Tian-chan.
Pendant les années 1908 et 1909, le nombre de botanistes explorant la
flore du Turkestan, sous ma direction, fut relativement grand, car il y avait
par année une dizaine d’expéditions de l’Adminis tration d ’Émigration. II
suffit de nommer MM. Lipsky et Roshevitz, M^es de Minavitz et de Krarrine
qui ont rappor té une quantité considérable de plantes nouvelles et intéressantes,
tandis que nombreux aut res explorateurs avaient noté quantité de
dates phytogéographiques et géobotaniques.
Tout cela permet de se faire une idée du progrès de nos connaissances
sur la flore du Turkestan. Il y a une quinzaine d’années, l’herbie r du T u r kestan
était composé d’une vingtaine de paquets, actuellement, il en comporte
un millier.
La végéta tion du Turkestan russe, faisant partie la plus essentielle de
l’ancienne « région des steppes » de Crisebach, est très variable suivant les
diverses parties du pays considérées ; elle peut être divisée en quelques zones,
dont la flore est caractéristique, et manifeste les origines les plus diverses.
Il existe une grande différence entre la végéta tion des montagnes du sud et
de l’est du Turkes tan et celle du désert. Nous pourrons distinguer du sud au
nord les zones suivantes :
I. Les chaînes du Turkestan.
a) Zone alpine.
b) Zone pamirienne.
c) Zone silvatique.
d) Zone des steppes. « I
¿¡'Il9
1 ;Ô;:
!i"
4-:-'