Telle est la marche du développement quand le cycle est complet,
comme on l’observe dans la racine de la plupart des Gymnospermes et des
Dicotylédones.
Ailleurs, le cycle se montre souvent incomplet. 11 peut être incomplet
de deux manières fort différentes.
Tantôt il y a arrêt du développement qui se trouve ainsi limité, soit
à la première phase, soit à la première et à la seconde phase, comme cela a
lieu dans la racine des Monocotylédoncs en général.
Tantôt, au contraire, il se produit dans le développement une accélération
qui entraîne la réduction et même la suppression des deux premières
phases, de sorte que la troisième phase est seule représentée. G’ost ce qui a
lieu d’ordinaire pour la tige et pour la feuille chez les Phanérogames.
L’arrêt de développement est facile à constater, mais nous devons
insister particulièrement sur cette accélération et décrire de quelle manière
elle se produit.
Considérons une jeune plantulc de Plianérogame
(fig. VIII). Dans sa racine, la première phase est r epré sentée
par un faisceau vasculaire alterne bien développé
{a, fig. IX.). Ce faisceau se continue directement dans la
tige, mais à quelque distance de sa base ; par exemple en
h (fig. VIII), le premier vaisseau alterne disparaît. Un peu
plus haut, en c (fig. VIII) le second vaisseau alterne disparaît
aussi Ensuite, c’est le troisième, de sorte qu’à ce
.niveau {d, fig. Vlll) , la première phase se trouve supprimée
et les premières vaisseaux qui sc montrent sont
les vaisseaux interdiaires.
— P
CJ
— Vb
— .1
FIO, VIII.
Mais les vaisseaux intermédiaires, à leur tour, disparaissent un peu
plus haut, et quand ils ont disparu, les vaisseaux superposés apparaissent
en premier lieu et, à partir de ce niveau (/, fig. VIII), les phases pr imitives
sont supprimées; désormais, dans toute la partie supérieure de la
tige, ainsi que dans les feuilles de cette plante, la phase superposée sc
trouve seule représentée.
Par suite de l’accélération, on passe donc de la disposition alterne,
qui est primitive à la disposition superposée, qui est plus récente.
C’est ce qu’on appelait jusqu’ici: passage de la racine à la tige.
Autrefois, eu effet, on avait posé en principe que
la disposition superposée (fig. VI) caractérise la structure
primaire de la tige, comme la disposition alterne (fig. IV)
caractérise la structure primaire de la racine. Dès lors,
pour passer de la racine à la tige, on admet tait que le
faisceau vasculaire de la racine sc dédouble radialcment
et que ses deux moitiés exécutent un mouvement de
rota tion pour devenir superposées dans la tige.
En réalité, cette double hypothèse n’est pas
confirmée par les faits. Il ne se produit jamais ni dédoublement
ni rotation. 11 n’y a là qu’une apparence causée
précisément par la disparition successive des vaisseaux
anciens et par l’apparition plus hâtive des vaisseaux
nouveaux.
Cette apparence peut d’ailleurs être expliquée à
l’aide de la fig. IX. Quand le premier vaisseau alterne
disparaît, le premier vaisseau intermédiaire sc montre.
Quand le second vaisseau alterne disparaît, c’est le second
vaisseau intermédiaire qui apparaît, et ainsi de suite.
Comme les vaisseaux intermédiaires se produisent en
même temps de part et d’autre du dernier vaisseau
alterne, cela produit l’apparence d’une bifurcation, d’un
bCX
^ OOO dédoublement qui commence. L’illusion est d’autant plus
forte que le faisceau alterne sc raccourcit, par suite de la
disparition des premiers vaisseaux, à mesure que les
branches de la bifurcation s’allongent par l’additon de
vaisseaux nouveaux.
Quand tous les vaisseaux alternes ont disparu, les deux branches
de la bifurcation se montrent séparées l’une de l’autre et le dédoublement
paraît achevé.
L’apparence de rota tion s’explique de même par les changements
de position que présentent les vaisseaux nouveaux par rapport aux vaisseaux
qui, successivement, disparaissent.
Quand l’accélération est très grande, les phénomènes que nous
venons de décrire se produisent brusquement, dès la base de la tige, et
leur succession est difficile à saisir.
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