d e s c r i p t i o N
D U P O L A T O U C H E ,
L e Polatouche (p l x x i ) a en générai plus de rapport aux
rats qu a iecureuil par la forme extérieure du corps & par la
qualité du poil, & plus à l’écureuil qua tout autre animal par
les parties intérieures ; il eft à peu près de la grandeur du lérot ;
il reftèmble beaucoup à l’écureuil par la figure de la tête, quoiqu’il
ait le nez à proportion moins gros , les oreilles plus éloignées*
l’une de l’autre, & les yeux précifément auffi gros & auffi lâik
lans que ceux de l’écureuil, malgré la différence de grandeur qui
efl entre ces deux animaux. Les oreilles du polatouche font nues,
minces & tranfparentes comme celles des rats : la queue a de
longs poils fur les côtés comme la queue de l’écureuil & du loir,
mais ces poils font plus courts que ceux de l’écureuil, & à peu
près de la même longueur que ceux du loir. Le polatouche a
quatre doigts & quelques vertiges du pouce dans les pieds de
devant, & quatre doigts avec le pouce entier dans les pieds de
derrière comme Iecureuil & les rats ; mais tous les doigts font à
proportion moins longs & moins gros que ceux de l’écureuil,
& à peu près de la même grandeur que ceux du lérot.
Le polatouche diffère des rats, de l’écureuil & de tout autre
animal connu, par des prolongemens de la peau du dos, du ventre
& des Jambes qui s’étendent de la longueur d’environ un pouce
de chaque côté du corps, de la longueur de neuf lignes fur le
côté extérieur de l’avant-bras, feulement de trois lignes fur le
coté extérieur de la jambe, & de cinq lignes à l’endroit du pli
du coude; ces prolongemens (AABBCC, pl xxii, où le
polatouche efl vu par-dejfus ; & p l x x i i 1, oh il efl vû par-
dcflous) embrafîènt le coude & le genou , & fe terminent au
carpe (E E ) & au tarfe ( F F ) lorfque l’animal eft en repos (tel
qu’il efl repréfeuté p l x x i ) ; lorlqu’il marche & qu’il court,
ou qu’il nage , les prolongemens de la peau font peu apparens ;
mais iorlqu’on le jette en l’air, il les étend, & alors fa partie
antérieure du prolongement de l’avant - bras forme une forte
d’oreillon (A A , p l x x i i & x x i i i ) parce quelle eft foutènue
par un os long & délié ( A A , p l x x i v ) que l’on font fous la
peau & qui s’articule avec le carpe. Le polatouche ne peut pas
rerter en l’air, s’élever ni voler réellement par le moyen de fes
prolongemens étendus, mais il fe porte obliquement en avant
& en bas, & il retarde fe chute , parce que le volume de fon
corps étant beaucoup plus étendu , quoique fe maflè ne foitpas
plus pefente, il oppofe plus de réfiftance à l’air. Ainfi cet animal
peut bien paffor en l’air d’un lieu à un autre, pourvu que l’endroit
d’où il part foit plus élevé que celui où il doit arriver à
proportion de la diftance qui eft entre deux : il peut ainfi fe
foûtenir dans fe chûte en tombant d’une certaine hauteur; mais
il ne tomberoit certainement pas de bien haut fens fe tuer, parce
que le volume qu’il oppofe à l’air ne ferait pas capable de le
foûtenir contre l’accélération, de fe chûte fi elle durait trop longtemps.
Il ne m’a pas para qu’il frappât l’air avec ces prolongemens
comme les oifeaux avec leurs ailes ; il agite feulement fe
queue en lui faifent faire des ondulations de côté & d’un bout
a l’autre. Le polatouche nage, comme les autres animaux, fens
étendre les prolongemens de fe peau, & , quoique le poil foit
mouillé, l’animal-fe foûtient en l’air comme s’il étoit fec, & il
peut voler à fe manière en fortant de l’eau.
Le polatouche qui- a fervi de fujet pour cette defeription, &