98 H i s toir e Naturelle
eft feulement prolongé & fubfifte plus long-temps , parce
que le corps de l’animal, préfentant une plus grande
furfaee à l ’air, éprouve une plus grande réfiftance & tombe
plus lentement. On peut voir dans la defcription, qui eft
à la fuite de cet a rtic le , le détail de la méchanique & du
jeu de cette extenfion fingulière d e la peau , qui n’appartient
qu’au p olatouche, & qui ne fe trouve dans aucun
autre animal ; ce feul caractère fuffiroit donc pour le
diftinguer de tous les autres écureuils, rats ou loirs; mais
les chofes mêmes les plus fingulières de la Nature font-
elles jamais uniques! devroit-on s’attendre à trouver dans
le même genre un autre animal avec une pareille peau,
& dont les prolongemens s’étendent non feulement d ’une
jambe à l ’autre, mais de la tête à la queue. C e t animal,
dont la figure & la defcription nous ont été données par
Seba * fous le nom d ’Ecureuil-volantyde Virg in ie , paraît
aftez différent -du polatouche pour conftituer une autre
elpèce ; cependant nous ne nous prefferons pas de prononcer
fur fa nature , il eft probable que c ’eft un animal
dont i’efpèce eft réellement cxillante & différente de
celle du polatouche ; mais ce pourrait être aulîi une fimple
variété dans cette, e jp è c e ,& peut-être enfin n’eft-ce qu’une
production accidentelle ou une monftruofité ; car aucun
V o y a g e u r , aucun Naturâlifle n ’a fait mention de cet
animal ; Seba eft te feul qui l ’ait vû dans lé cabinet de
Vincent, & je me défie toujours de ces deferiptions
faites dans des cabinets d ’après des animaux que fouvent
* Seba',,v|>/. I , pag. y'2,Tàb. 4 4, ftg. n,‘ 3,
on ajufte pour les rendre plus extraordinaires.
Nous avons vû & gardé long-tem ps le polatouche
vivant; il a été bien indiqué par les Voyageurs : Sagard
T heodat“, Jean de L aëtl>, Fernandèsc, la H ontan1',
Denys0 en ont tous fait mention, ainfi que M,rs Catefbyf,
Dumont®, le Page de Pratzh, &ç. & M.,s Klein, Seba
“ Voyage au pays des Hurons, par Sagard Theodat, page g 0 y .
1 Hifloire du nouveau monde, par Jean de Laët, page 88.
Quimichpatlan feu mus vo/ans fufco pilo nigroque' promifeue tegitur
qui prope brachia crura eft prolixior ac parvarum alarum forma. . . . .
E ft autem cceteris minor, parvo ér murino capite, magnis auriculis, éfc.
Fernand. Hift.nov. H'fp. pag. 9. No t à . Que cet Auteur fe trompe
en ce qu'il dit que ce font de iongs poils qui lui tiennent lieu d'ailes.,
au lieu que ce font en effet des! prolongemens de la peau.
d Voyage de la Hontan, tome 11, page 4 2 .
Les écureuils-volans ont le poil un peu plus noir que ceux de
France; ils ont des ailes qui les prennent du train de derrière à celui
de devant, qui s’ouvrent de la largeur de deux bons doigts ; c’efl une
petite tpile fort mince, couverte deflùs d’un petit poil follet: toute là
volée ne peut aller qua trente ou quarante pas; mais s’il vole d’un
arbre à un autre, il volera, bien lé double. Defcription géographique de
l ’Amérique feptentripnale, par Denys. Paris, 1 6 y 2 , tome 1 1, pages
3 3 1 & 332.
f Catelby, Hftoire naturelle de la Caroline, page y i .
s Les écureuils font fort communs à la Louifîane, où l’on en distingue
de deux fortes ; les uns font en tout fomblables à ceux que
nous connoiflbns en France; les lèconds font d’une couleur un peu
plus cendrée, & ont à leurs deux pattes de devant une elpèce de peau
ou de membrane, au moyen de laquelle ils peuvent s’élancer d’un
arbre à un autre à une diftance affez éloignée, &c. Mémoire fur la
Louifîane, par Dumont, pages 81 ù 1 82.
h Les écureuils-volans fout ainfi nommés parce qu’ils foutent d’un
N ij