ce n’efl pas avoir tout fait, car il faut les réduire à un;
mais du moins c’eft avoir fait quelque chofe; & d’ailleurs
il emploie le caractère diftinétif des pouces de derrière
fins ongles, ce qu’aucun des autres, à l’exception de
Tyfon, n’avoit obfervé. La defcription que M. Linnæus
donne du farigne, fous le nom de Marfupiahs *, n.° i ,
Didelphis, & c. nous a paru bonne & affez conforme à
la Nature, mais il y a inexactitude dans fa diftribution
& erreur dans fes indications : cet Auteur, qui fous le
nom à’Opoffitm, n.°3 , pag. jp , défigne un animal différent
de fon Marfupialis, n? 1 , & qui ne cite à cet égard que
la feule autorité de Seba, dit cependant que cet opoiTum
n’a point d’ongle aux pouces de derrière, tandis que cet
ongle eft très-apparent dans les figures de Seba; il aurait
au moins dû nous avertir que le Deffinateur de Seba
s’étoit trompé; une autre erreur, c’eft d’avoir cité le
Maritacaca de Pifon comme le même animal que fe
Carlpueya, tandis que dans l’ouvrage de Pifon, ces deux
animaux, quoiqu’annoncés dans le même chapitre, font
cependant donnés, par Pifon même, pour deux animaux
différens, & qu’il les décrit l’un après l’autre. Mais ce
qu’on doit regarder comme une erreur plus confidérable
que les deux premières, c’eft d’avoir fait du même animai
deux efpèces différentes; lé Marfupialis, n.° 1 , & YO p of
fum , n .°y , ne font pas des animaux différens; ils ont
tous deux, fuivant M. Linnæus même, le marfupium ou
la poche, ils ont tous deux les pouces de derrière fans
* Linnæus, SyJ!. nat. edit. x. Holmia, 77/ S, pag. 54.
d u S a r i g u e ou O p o s s u m . 295.
o n g le , ils font tous deux d ’Am é riq u e , & ils ne different
( toujours félon lui ) qu’ en ce que le premier a huit
mamelles, & que le fécond n’en a que deux & la tache
au deffus des yeux plus pâle; or c e dernier caractère
e ft, comme nous l ’avons d it , nul, & le premier eft au
moins très-équivoque; car le nombre des mamelles varie
dans plufieurs efpèces d ’animaux, & peut-être plus dans
celle-ci que dans une autre, puifque des deux farigues
femelles que nous avons au Cabinet du R o i , & qui font
certainement de même efpèce & du même pays , l ’une
a cinq & l’autre a fept tétines y & que ceux qui ont
obfervé les mamelles de ces animaux, ne s’accordent
pas fur le n om b re ; Marcgrave, qui a été copié par
beaucoup d ’autres, en compte huit; Barrère dit qu’or-
dinairement il n’y en a que quatre, & c . Ce tte différence
qui fe trouve dans le nombre des mamelles, n’a rien de
fingulier, puifque la même variété fe trouve dans les
animaux les plus connus , tels que la chienne qui en a
quelquefois dix., & d ’autres fois neuf, huit ou fept; la
truie qui en a dix , onze ou douze; la vache qui en a fix,
cinq ou quatre; la chèvre & la brebis qui en ont quatre,
trois ou deux; le rat qui en a dix ou huit; le foret qui
en a trois à droite & quatre à g a u ch e , & c . d ’où l’on
voit qu’on ne peut rien établir de fixe & de certain fur
l ’ordre & le nombre des mamelles, qui varient dans la
plufpart des animaux *.
* Voyez, dans les Volumes IV , V 0 “ V i l de cette Hilloire Naturelle,
les defcriptions du Boeuf, du Bélier, du Bouc, du Cochon,
du Chien, du Furet & du Rat,