2 2 8 H i s t o i r e N a t u r e l l e
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mofàïque très-élégamment difpofée ; la pellicule ou le cuir
mince dont le têt efl revêtu à l’extérieur, elt une peau
tranlparente qui fait l’effet d’un vernis fur tout le corps
de l’animal, cette peau relève de beaucoup & change
même les reliefs des moiaïques qui paroiffent différens
lorfqu’elle efl enlevée. Au refie, ce têt offeux n’efl
qu’une enveloppe indépendante de la charpente & des
autres parties intérieures du corps de. l’animal dont les
os & les autres parties conflituantes du corps font
compofées & organifées comme celles de tous les autres
quadrupèdes.
i Les tatous en général font des animaux innocens &
qui ne font aucun mal à moins qu’on ne les laiffe entrer
dans les jardins où ils mangent les melons, les patates
& les autres légumes ou racines. Quoiqu’originaires des
climats chauds de l’Amérique, ils peuvent vivre dans les
climats tempérés; j’en ai vû un en Languedoc, il y a
plufieurs années, qu’on nourriffoit à la maifon, & qui
alloit par-tout fans faire aucun dégât; ils marchent avec
vivacité, mais ils ne peuvent, pour ainfi dire, ni fauter
ni courir, ni grimper?fur les arbres, en forte qu’ils ne
peuvent guère échapper par la fuite à ceux qui les
pourfuivent ; leurs feules reffources font de fe cacher
dans leur terrier, ou s’ils en font trop éloignés, de
tâcher de s’en faire un avant que d’être atteints, il ne
leur faut que quelques momens , car les taupes ne
crèufent pas fa terre plus vite que les tatous ; on les
prend quelquefois par la queue avant qu’ils n’y foient
totalement enfoncés, & ils font alors une telle réfiflance \
qu’on leur caffe la queue fans amener le corps ; pour
ne les pas mutiler, il faut ouvrir le terrier par-devant,
& alors on les prend fans qu’ils puiflent faire aucune
réfiflance ; dès qu’on les tient ils fe refferrent en
houle, & pour les faire étendre on les met près du feu.
Leur têt, quoique dur & rigide, efl cependant fi fenfible
que quand on le touche un peu ferme avec le doigt,
l’animal en reffent une impreffion allez vive pour fe
contracter en entier. Lorfqu’ils font dans des terriers
profonds, on les en fait fortir en y faifant entrer de la
fumée ou couler de l’eau : on prétend qu’ils demeurent
dans leurs terriers fans en fortir pendant plus d’un tiers
de l’annéeb; ce qui efl plus vrai, c’eft qu’ils s’y retirent
pendant le jour & qu’ils n’en fortent que la nuit pour
chercher leur fuhfiftance. On chaffe le tatou avec des
petits chiens c qui l’atteignent bien-tôt, il n’attend pas
* La pïufpart des cachicamös fe croient en furete lorfqu ils ont pu
mettre leur tête & une partie du corps dans leurs tannières, & en effet
ils n’ont rien à craindre fi l’on ne fe fort, pour les en tirer, de 1 expédient
que je vais dire. L ’Indien arrive & foifit l’animal par la queue qui elt
fort longue; l’armadilie ouvre fes écailles & les ferre ff fort contre les
parois de fo tannière, que l’Indien lui arrache pluffôt la queue que de
l’en foire fortir ; dans ce cas le Chaflèur le chatouille avec un bâton
ou avec le bout de fon arc, & auffi-tôt il ferre fes écailles & fe laiffè
prendre fons peine. H iß. naturelle de l ’Orénoque, par Gumilla, tome 111 t
page 2 2 6.
b Hiftoire générale des Antilles, par‘le Père du Tertre, tome 11,
page 298.
‘ Hiftoire naturelle des Antilles. Rotterdam, 8, page 123* F f iij